En Guinée, le passage des membres du gouvernement devant une équipe d’évaluateurs mandatés par le Premier ministre, Dr Bernard Goumou, suscitait l’espoir d’un remaniement ministériel. Une hypothèse confortée d’ailleurs par les résultats mitigés de ce test gouvernemental.
Une semaine après l’évaluation, ce souhait de changement exprimé par de nombre de Guinéens risque de tourner court. Ceux qui qui aspirent à un changement à la tête de certains ministères peuvent passer à autre chose. Ils peuvent circuler, car il n’y a rien à voir.
Pour rappel, l’évaluation du gouvernement portait sur dix critères. Parmi lesquels, l’efficacité des membres désignés par le ministère dans les Conseils d’administration, la mobilisation des revenus non fiscaux au budget de l’Etat, mise en place d’outils de bonne gouvernance et d’un environnement de travail propice et surtout la mise en œuvre de la lettre de mission du ministère. Les ministres devaient aussi fournir des explications sur l’exécution des décisions des Conseils des ministres, le taux de décaissements du budget 2023 et la performance des Établissements publics administratifs (EPA) et entreprises d’État à réduire les charges de plus de 15% et à rehausser les recettes de plus de 20%.
Les résultats sont sans appel. Outre les résistances aux changements à plusieurs niveaux, la faiblesse taux de décaissement du budget et le très faible taux de décaissement pour des projets et programmes, les auditeurs ont décelé que certains ministres tardent à transférer 20% du budget de leur département à l’intérieur du pays comme il se doit.
Plus scandaleux encore, ils ont découvert que certaines données administratives sont stockées dans des data centers à l’extérieur du pays.
A l’issue donc de cette très médiatisée évaluation, un département ministériel a récolté 0/100, deux ministères ont obtenu la mention passable avec 51/100 et 60/100. Tandis que douze autres s’en sont tirés avec une moyenne comprise entre 61 et 70 points.
Dès lors, l’on s’attendait à ce que le président de la transition sévisse. Un remaniement s’imposait pour donner un nouveau souffle à l’action gouvernementale, en perte vitesse depuis des mois.
Ce ne sera pas le cas. Du moins pour l’instant. Le Chef du gouvernement qui met le test sous le prisme de l’amélioration du service public, se propose d’ores et déjà d’adresser ses recommandations aux ministres. Il assure que chaque ministre recevra une note qui expose ses forces et ses faiblesses. Et chacun reviendra en octobre pour une autre évaluation. Une session de rattrapage en quelque sorte. L’évaluation finale pour cette année est attendue en décembre, avant un nouveau contrat de performance pour 2024.
Tout porte donc à croire que les fameuses évaluations ne visent pas à sanctionner et à extirper des rangs les incompétents. Le sursis est garanti pour tout le monde.
Elie Camara