La Guinée organise depuis ce mardi 22 mars, les assises nationales qui devraient baliser le chemin au processus de réconciliation dans le pays. Dénommées « Journées de vérité et de pardon », ces rencontre se dérouleront sur six semaines, du 22 mars au 29 avril.
L’ouverture des travaux s’est déroulée au Palais Mohamed V, en présence des ambassadeurs accrédités en Guinée, les chefs des agences des Nations-Unies et des organisations internationales.
Une soixantaine de partis politiques dont l’UFR de l’ancien Premier ministre Sidya Touré et l’UFDG de Cellou Dalein Diallo boycottent ces rencontres. Il en est de même du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) qui refuse toute participation. Les deux entités accusent la junte militaire de planifier une diversion pour ne pas aller à l’essentiel.
Mais selon le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, le secteur privé, les membres du CNT, ainsi que les magistrats, les élus locaux de Conakry et d’autres représentants de coalitions des partis politiques sont bien présents.
A l’ouverture des travaux, le chef de la junte a reconnu que l’histoire de la Guinée est jalonnée à la fois de gloire, de douleurs, de difficultés et d’hésitations. Le Colonel Mamadi Doumbouya a invité ses compatriotes à trouver la force de se regarder en face et de se dire les vérités sincères et constructives.
« Durant toutes ces décennies, nous n’avons pas cessé de nous faire du mal. (…) Il est temps de s’arrêter un instant et de purifier notre ciel », a-t-il lancé dans son discours d’ouverture. « Notre vivre ensemble est fortement entamé, le tissu social est fragilisé. J’ai tenu à l’organisation de ces assises nationales, dénommées « Journées de vérité et de pardon » pour ainsi donner une occasion historique et unique aux Guinéens de se regarder en face, bien en face, les yeux dans les yeux, et de se parler franchement à cœur ouvert », a-t-il insisté.
Les assises qui ont débuté aujourd’hui se dérouleront aussi bien à Conakry, qu’à l’intérieur du pays, dans les sept autres régions administratives du pays. D’autres rencontres similaires regrouperont des guinéens dans les représentations diplomatiques, selon le ministère de l’Administration du territoire.
Durant ces assises, il sera question des conflits mémoriels, des contentieux politiques d’ordre institutionnel ou électoral, des difficultés croissantes de la vie quotidienne, dominées par une misère et un chômage endémique, une inflation galopante et parfois des pénuries.
Pour le leader de la transition, l’initiative de tenir de telles rencontres revient uniquement aux Guinéens. « Personne ne le fera à notre place. C’est maintenant ou jamais que nos cœurs doivent se parler », a dit Doumbouya. Il a rassuré que ces assises nationales étaient au dessus de toute considération politique, ethnique et religieuse.
« J’en appelle à l’implication des acteurs politiques, culturels, religieux et socio-professionnels pour conférer à cet évènement toute la réussite qu’il mérite. Aucun guinéen n’est mieux que d’autres, c’est pourquoi il est de notre devoir de dépasser nos ressentiments, de taire nos rancœurs. »
Mamady Fofana