
Le Général Sékouba Konaté, président de la Transition militaire en exil en France a accusé mardi Tibou Kamara, son ancien homme de main, de lui rester redevable de la coquette somme d’un million de dollars US et une voiture PRADO. Une accusation qui n’a pas tardé à faire réagir depuis Conakry, l’actuel ministre d’Etat, Conseiller personnel du Président Alpha Condé. Explications.
Tout commence par une révélation rocambolesque du Général Konaté. Chez nos confrères de Médiaguinee, celui qui a dirigé la transition militaire en Guinée de 2009 à 2010, très remonté contre son ex-complice, réclame des sous qu’il lui aurait remis pour le compte l’ex-dictateurs Gambien Yahya Jammeh.
Jammeh n’est autre qu’un beau-frère de Tibou Kamara, soit dit en passant.
« Je réclame mon million de dollars et un Prado à Yahya Jammeh. Il y un ministre guinéen (Tibou Kamara) à qui j’ai remis l’argent et le Prado pour envoyer à Yahya Jammeh. Mais si l’argent n’est pas payé, je réagirai de la ferme manière », charge Général Konaté.
Très en colère, le militaire reproche à certains dignitaires de l’avoir accusé à tort auprès de l’actuel homme fort guinéen Alpha Condé.
« Quand j’étais au Maroc ils ont dit que je veux monter un coup d’Etat contre Alpha Condé en Guinée. C’est le président Alpha Condé en personne qui m’a dit cela. Si l’argent n’est pas payé, je sais ce que je vais faire. Parce que quand j’étais au Maroc, ce sont eux qui ont dit que je voulais déstabiliser la Guinée. Lui (Tibou) et le consul de la Guinée (Roda Fawaz) », tire l’officier militaire. Tout en menaçant de faire couler certaines personnes. « S’ils ne font pas attention, c’est leurs têtes qui vont tomber. Parce que partout où ils iront, je vais les rechercher. Je suis un homme de parole. Tout ce que je dis, je vais le faire. Mes compagnons d’armes me connaissent pour ça ».
Cette réaction très musclée et surtout inattendue n’a pas manqué de faire sursauter le principal concerné Tibou Kamara.
Depuis Conakry, le ministre de l’Industrie et des PME a invité son accusateur à prendre de la hauteur et à se mettre à la place qui est la sienne.
« J’aimerais vraiment que le général Sékouba Konaté soit à la place qu’il mérite pour le rôle qu’il a joué dans l’histoire récente du pays, et qu’il prenne de la hauteur et du recul par rapport aux évènements et à la situation du pays », introduit l’ancien Conseiller spécial du Général Konaté.
Tibou Kamara, en un mot comme en mille, résume la réaction de son ancien patron aux difficultés liées à la vie en exil.
« Moi, je me rappelle de l’hommage qu’il m’a rendu dans son discours d’adieu pour considérer que tout ce qu’il dit en ce moment, il faut le mettre sur le compte de l’émotion et de la difficulté de vivre dans un exil qui est une première expérience pour lui et aussi le poids de la solitude pour un homme qui a toujours vécu parmi les gens. Moi, je reste le même dans la collaboration avec lui, je ne souhaite pas un débat qui permettra à chacun de savoir qui de nous deux à quelque chose à reprocher à l’autre. Parfois, le silence est une attitude d’honneur et de responsabilité et parler trop souvent, trop vite quand on n’a pas été seul acteur et on n’ est pas seul concerné par une œuvre qui est commune est un acte d’imprudence que je lui déconseille, parce que jusqu’ici je n’ai pas voulu sortir de ma réserve pour protéger notre relation et aussi l’image qu’il veut donner du rôle qu’il a joué dans l’histoire du pays. »
Le ministre Tibou Kamara souhaite dans sa réaction que l’ancien chef de la transition ait du « respect » pour ses compagnons.
« Je remarquerai seulement qu’un homme pour être pris au sérieux et pour être crédible doit avoir la même parole tout le temps et chez tout le monde. Mais à force de dire une chose aujourd’hui et son contraire demain, d’avoir une opinion favorable sur certains et après défavorable par la suite et revenir encore à des opinions favorables, ça ce n’est pas digne d’un homme qui a dirigé un État et dont on veut garder une image respectable », rappelle-t-il avant de conclure : « Je suis prêt à faire le débat pour aider à la manifestation de la vérité. D’ici là, je me réserve d’entrer dans une polémique parce que comme je l’ai dit je garde de lui ce qu’il avait dit de moi dans les circonstances de sérénité. ».
Mamady Fofana