
A peine rendues publiques, les statistiques sur le fichier électoral devant servir pour la présidentielle du 18 octobre prochain fait déjà l’objet de contestation de la part de l’opposition.
En français facile, on dira que ça jazze déjà très fort dans la cité.
Chacun y va de ses commentaires, sinon de son latin, pour pourfendre le travail concocté par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), l’organe chargé de l’organisation des élections en Guinée.
On parle déjà d’une CENI aux ordres d’un ‘’pouvoir corrompu’’, qui n’a d’autre solution que de ‘’tricher’’ pour pouvoir remporter la victoire à une élection dans ce pays.
Le reproche fait à ces statistiques réside dans le fait que l’institution électorale a parait-il, fait la part belle à la ville de Kankan (fief du président sortant Alpha Condé) à l’est du pays, qui à elle seule englobe 22% des votants.
Tandis que la ville de Labé, (ville natale et fief de Dalein) ne regorge que de 8%. Pour les contestataires à l’image de l’UFDG de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, cette ‘’disparité’’ démontre la flagrance d’une volonté de frauder, en ‘’gonflant’’ l’électorat dans les zones favorables à Alpha Condé, et en le minimisant chez son adversaire de l’UFDG.
Pour être honnête, il serait intellectuellement injuste de procéder par des raccourcis de ce genre pour justifier la différence entre ces deux zones.
D’abord, en termes de démographie, c’est un secret de polichinelle pour tout guinéen de savoir que la Haute Guinée est une zone de haute densité démographique du fait qu’elle soit une zone minière.
Alors qu’au Fouta où se trouve Labé, les villes sont quasiment vides. Il est loisible d’expliquer cet état de fait par le penchant naturel de ses habitants à immigrer.
Les villes et villages y sont quasiment vides au profit des grandes agglomérations de Kankan, Conakry, N’zérékoré etc, où les foutaniens s’installent pour faire fortune.
L’autre explication pourrait résider dans l’attitude incongrue des membres du FNDC, et particulièrement de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo.
Plutôt que d’inviter ses nombreux militants à se faire recenser sur les listes électorales dans la perspective des élections à venir, l’ancien Premier ministre les avait poussé au vandalisme, au motif qu’il fallait empêcher la tenue du référendum et aussi des législatives.
Dans les fiefs de l’UFDG et de certains quartiers de Conakry ainsi que de N’zérékoré, les frondeurs avaient non seulement refusé de se faire enrôler, mais ils avaient même incendié et saccagé par endroits du matériel de vote.
Pendant ce temps, le parti au pouvoir demandait aux siens d’aller se faire enrôler massivement.
Il est alors surprenant que l’UFDG qui avait demandé à ses militants de bouder l’enrôlement vienne s’inquiéter de la faiblesse des votants dans ses fiefs ? Ça s’appelle vouloir d’une chose et de son contraire. Sacré Dalen !
Oumou S. Camara