Il est 1h35 du matin, avant de me coucher, je fais le tour des sites du pays pour prendre le pouls de l’actualité nationale. Un titre me fait sursauter ! A la une du site Médiaguinée, je découvre cette interrogation : Organisation de la CAN : la Guinée avait-elle menti ?
Face à ce que je considère une absurdité même s’il s’agit d’une interrogation, il serait grave de laisser passer cette insinuation. Raison pour laquelle, je me permets de faire une mise au point. En effet, depuis le retrait de l’édition des phases finales de la CAN 2019 au Cameroun, le comité exécutif de la CAF se démène tant que mal à justifier cette décision aux conséquences multiples. Le décalage entraîne un glissement dans le calendrier des trois prochaines éditions de cette CAN senior. Nous sommes ainsi concernés, étant pays hôte de l’édition de 2023. A ce propos, la sortie du vice-président de la CAF, le congolais, Constant Omari est bien surprenante. Sur quelle base, peut-il affirmer avec assurance que notre dossier de candidature est absent des archives ? Cette déclaration viserait-elle à préparer les esprits sur une éventuelle décision, que le comité exécutif de la CAF viendrait à prendre contre notre pays.
Fait troublant dans cette histoire, c’est le président de la CAF à grand renfort de publicité sur les antennes de RFI, qui était annoncé dans l’émission café des sports de ce vendredi 7 décembre. A notre grande surprise, c’est l’un des vice-présidents, qui répond à l’invitation. Très loquace, et maîtrisant les statuts et règlement de la CAN, l’invité de RFI a laissé plané un doute au sujet de notre pays. Le 20 septembre 2014, il était bien présent à Addis-Abeba lors de l’attribution des CAN 2019/2021. La question est de savoir, si l’attribution de la CAN 2023 à la Guinée a été une décision du président de la CAF ou du comité exécutif ?
Pour donc éclairer la lanterne de l’opinion publique, il est judicieux de présenter l’historique de la démarche entreprise par notre pays pour l’attribution de la CAN.
La désignation de la Guinée à l’organisation des phases finales de la CAN senior de football en son édition de 2023 est l’aboutissement d’un long cheminement, qu’il convient de rappeler maintenant. Car, il aura fallu l’avènement de la troisième république pour voir enfin ce projet se concrétiser.
C’est le 12 septembre 2007 à la suite d’une session ordinaire du conseil des ministres du gouvernement de consensus d’alors, qu’officiellement la candidature de notre pays fut annoncée pour l’organisation des phases finales de la CAN 2010. L’intendance n’ayant pas suivi, le projet resta lettre morte. Les années passèrent ainsi sans aucune démarche des autorités. Comme souligné plus haut, l’arrivée du professeur Alpha Condé à la magistrature suprême relança notre candidature par le dépôt en juillet 2011 au siège de la CAF au Caire d’une lettre de garantie. Ce document matérialisait ainsi la volonté politique des autorités à postuler à l’organisation d’une phase finale de Coupe d’Afrique. Et cette volonté politique fut confirmée en octobre 2013 par une mission gouvernementale, qui se rendit au Caire pour y déposer une nouvelle lettre d’engagement. Cette ultime démarche a permis au comité exécutif de la CAF d’inscrire notre pays sur la liste des postulants aux éditions de 2019 ou 2021.
Et lors de la réunion de ce comité exécutif le 20 septembre 2014 pour la désignation des différents candidats aux CAN 2019 et 2021, à la surprise générale, l’édition de 2023 a été attribuée à notre pays. Une première dans l’histoire de la CAF. Ce choix a été motivé par la chaleur de l’accueil réservé en Guinée aux inspecteurs de la CAF, qui sont venus le 12 avril 2014 visiter les sites retenus pour le déroulement de la compétition en 2023. Notre pays a ainsi démontré sa passion sportive et son engouement pour le football. Une ferveur qui a favorablement impressionné les émissaires de la CAF.
Si aujourd’hui, un responsable de la CAF et pas des moindres annonce l’absence de notre dossier dans les archives de la CAF, l’on est en droit de se poser moult questions. Il n’est nullement question d’entretenir un débat, qui en principe n’a pas lieu d’être. Le moment venu et je le souhaite vivement, nos autorités sauront prendre la mesure des démarches à entreprendre pour défendre les intérêts de notre pays. Notre glorieux passé sportif nous commande de réaffirmer notre engagement à organiser une phase finale de la CAN. N’en déplaise à nos détracteurs.
Par Thierno Saidou Diakité (Consultant sportif)
Thiernosaidoudiakite@gmail.com