Le chef de l’Etat guinéen, président en exercice de l’Union africaine, Alpha Condé, est arrivé le 17 août 2017 à Ouagadougou, pour témoigner sa compassion au Burkina Faso, victime d’un attentat terroriste, le 13 août 2017, sur l’Avenue Kwame Nkrumah.
La solidarité africaine continue de se manifester à l’égard du Burkina Faso, touché dans sa capitale, Ouagadougou, le 13 août 2017, par une attaque terroriste meurtrière. Après le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, le 15 août 2017, c’est autour du chef de l’Etat guinéen, président en exercice de l’Union africaine(UA), Alphe Condé, de fouler la terre burkinabè, le 17 août 2017 pour témoigner la solidarité de l’organisation panafricaine au « pays des Hommes intègres ».
Arrivé à 16 heures 10 minutes à l’aéroport international de Ouagadougou, il a été accueilli au pied de son avion par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Après les accolades empreintes d’émotion et autres civilités protocolaires, les deux personnalités, aux visages graves, ont eu un bref tête- à- tête au salon d’honneur de l’aéroport. Puis le cap a été mis sur le site de l’attaque, le café restaurant Aziz- Istanbul sur l’avenue Kwame Nkrumah pour une visite guidée.
Sur place, le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, celui en charge de la défense, Jean Claude Bouda, d’autres membres du gouvernement et le maire de la commune de Ouagadougou, Armand Beouindé ont accueilli leur hôte du jour. Mais c’est au commandant Evrard Somda de l’unité spéciale d’intervention de la gendarmerie, qu’est revenu l’honneur d’expliquer au président Condé, les péripéties de cette nuit d’horreur au Café Istanbul. Les journalistes ont beau tendu l’oreille, ils n’entendront pas grand-chose. Après une dizaine de minutes d’explications, le président guinéen est conduit à l’arrière-cour du restaurant. Une odeur pestilentielle accueille les visiteurs.
Sur les lieux, le commandant Somda a expliqué que c’est sous un bac à eau (polytank) qu’un des terroristes qui s’était réfugié a été abattu. Caché au premier étage, son complice qui tentait de le rejoindre, a été également neutralisé. Le visiteur du jour acquiesçant de la tête a souhaité « du courage » au commandant Evrard Somda. Cette visite guidée s’est terminée par un long conciliabule entre le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, celui en charge des affaires étrangères, Alpha Barry et le chef de l’Etat guinéen.
Un coup dur à l’économie
Puis le cortège du locataire du palais de Sékoutouréya s’est ébranlé vers le palais de Kosyam où l’attendait le président Roch Marc Christian Kaboré. A l’issue d’une vingtaine de minutes d’entretien avec son homologue burkinabè, Alpha Condé a situé l’objet de sa visite aux journalistes. « Après les évènements qui se sont produits ici, il était absolument nécessaire, au nom de la solidarité du peuple de Guinée, mais aussi au nom de l’Union africaine, que le peuple burkinabè sache qu’il n’est pas seul et qu’il a toute l’UA derrière lui », a déclaré le président Condé. Et d’ajouter :
« j’ai apporté une contribution modique de 100 000 dollars pour donner aux familles des victimes ».
Il a également indiqué que l’entretien avec le président Kaboré a consisté à voir comment faire afin que le Burkina Faso puisse avoir les moyens d’assurer sa propre sécurité. « Ce qui arrive, cause des victimes et porte atteinte à nos économies, parce que les terroristes s’attaquent surtout à des endroits où il y a des expatriés afin d’avoir un grand écho », a déploré Alpha Condé. « Il est évident que c’est nous Africains seulement qui pouvons assurer la sécurité de nos pays », s’est-il convaincu. Dans l’immédiat, le président Condé a fait savoir que la réponse au terrorisme doit être militaire. « Nous allons faire de notre possible au niveau de l’UA, non seulement pour apporter notre soutien mais aussi demander à nos amis d’accélérer l’opérationnalisation du G5 Sahel» a promis le patron de l’UA.
Un appel à la solidarité
Pour autant, le président Condé n’a pas écarté de soutiens étrangers pour extirper le terrorisme hors d’Afrique. Pour lui, l’Afrique a besoin d’être accompagnée tant en équipements, en moyens financiers, qu’en moyens de renseignement. Cet accompagnement, a soutenu le président guinéen, ne doit pas être l’apanage des Occidentaux. Les pays arabes et asiatiques doivent également jouer leur partition. Néanmoins, le président de l’Union africaine n’a pas apprécié l’attitude de certains « amis « qui déconseillent à leurs ressortissants de venir dans des pays africains frappés par le terrorisme.
« Malheureusement, nos amis ont aussi des réactions qui ne sont pas correctes parce qu’ils demandent à leur concitoyens de ne pas venir chez nous. Ils enfoncent davantage l’économie. Lorsqu’il y a eu des attaques en France, on a été solidaire. On n’a jamais demandé à nos citoyens de ne pas y aller. Il faut que nos amis comprennent que l’objectif des terroristes, est non seulement de porter atteinte à nos populations mais à nos économies », a-t-il dénoncé. Dans le long terme, Alpha Condé a souligné que la réponse définitive au terrorisme est la lutte contre la pauvreté et l’injustice. « Nous devons renforcer nos moyens de renseignements, mais transformer nos économies pour que la pauvreté ne soit plus le terreau du terrorisme», a-t-il conclu.
Anselme KAMBIRE