Je ne t’ai jamais plus revu. Mon souvenir de ton regard remonte à mon enfance ; tu étais venu nous voir dans mon village Malamalakro, en Côte d’Ivoire; nous, la famille de ton oncle Aboubacar. Comme j’aimerais encore revivre ce regard-là…
Nous étions dans la seconde moitié des années 1980. Tu avais quitté la Guinée, plus précisément Kindia ta ville natale, pour tenter l’aventure… Puis, tu es parti pour New York… Tu t’es installé à Brooklyn. Quelle aventure… Quelle belle aventure !
Jeudi 3 août 2017, tu as rejoint l’autre monde, celui-là même que tout humain est appelé à rejoindre un jour ou l’autre. Ainsi va de la vie et de la mort, essence de la condition humaine.
Kôtôh, je ne t’ai plus jamais revu, certes. Mais que de fois nous nous sommes parlé. Tes propos ont une constance : « Restons unis ! ». Tes propos ont une résonnance : « Restons famille ! ». Ta vie et ton œuvre sont fidèles : « C’est ensemble, filles et fils de Guinée, que nous bâtirons nos hameaux, nos villages, nos villes, notre pays. »
Ce dimanche 6 août 2017, à la mosquée Masjid-El-Ihsan de l’avenue Utica à Brooklyn, Brooklyn où tu as vécu et travaillé durant 29 ans, Brooklyn qui t’a vu rendre l’âme, j’étais ému des nombreux témoignages livrés par tes proches, tes amis, tes collègues. C’est toute la communauté qui est restée accablée par ton départ précipité. Hommages puissants et poignants.
Kôtôh, ta générosité a permis à nombre de personnes d’avoir une vie meilleure. Ton engagement politique, culturel et social atteste de ton amour authentique envers ton peuple.
Kôtôh, s’il est vrai que nous sommes ce que nous faisons, durant ta brève vie, tu n’as cessé de faire : faire pour ta progéniture, faire pour ta famille, faire pour ta communauté, faire pour ton pays.
Hommage à toi, kôtôh !
Séchons nos larmes et contemplons cette vie…
Si la vie a quitté Alpha Oumar Dèbeya Diallo, celui-ci est loin de quitter notre vie commune. Il sera présent dans nos prières aux morts. Il sera présent dans nos souvenirs.
Dorénavant, le don de soi au service de l’autre ici-bas, pour sa famille, pour ses proches et pour son peuple, inscrit Alpha Oumar Dèbeya Diallo dans l’éternité. Tu demeureras une source d’inspiration, kôtôh.
Kôtôh, ton départ est une mort heureuse, pour reprendre l’expression d’un de tes amis. Tu resteras la fierté de tes enfants, de ta femme, de ta famille. Mission accomplie. Devoir exécuté. Œuvre achevée. Merci, kôtôh !
La mémoire des Peuples africains nous l’enseigne : les morts ne sont pas morts ; les morts ne sont jamais partis. L’esprit d’Alpha Oumar Dèbeya Diallo nous environnera pour toujours.
Consolons-nous donc en gardant les « lueurs » d’espérance que nous donnent ces célèbres vers, Le souffle des ancêtres, de Birago Diop :
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.
Adieu Alpha Oumar Dèbeya Diallo!
Que Le Tout-Puissant t’accueille dans sa miséricorde. Amine !
Que cette terre de Kindia, où tu reposes désormais, te soit légère et paisible. Amine !
Adieu inoubliable kôtôh Oumarou !
Sidy Diallo
Québec, Canada
12 août 2017