mercredi , 27 septembre 2023

Relance de « Conakry Express », la nouvelle promesse du ministre des Transports

 

Le ministre des Transports Oyé Guilavogui a annoncé vendredi 7 avril la relance imminente de « Conakry Express », le train qui assure la navette entre Kaloum, le quartier des affaires et la haute banlieue de la capitale guinéenne.

 

« Conakry Express »  à quai depuis octobre pour non paiement par la partie guinéenne de la facture liée à ses services, évaluée à 85 millions de dollars, sera bientôt relancé. C’est du moins la promesse faite hier vendredi par le ministre des Transports Oyé Guilavogui, en marge du séminaire gouvernemental.

 

« Nous avons demandé à ce qu’il y ait une mise en route provisoire de ce train. Et dans quelques jours il va être mis en route, en attendant la fin des négociations », a-t-il rassuré.

 

Connu pour ses nombreuses promesses non réalisées relatives notamment à la reprise de la Sotelgui et Air Guinée, le ministre a tout de même laissé un échappatoire en confiant tout à la volonté divine.  » Nous sommes presque au terme des négociations. Dans quelques jours le train va être mis en route s’il plait à Dieu ».

 

Une dette de 85 millions de dollars

« Conakry Express » est une composante du mirobolant contrat signé en 2009 entre l’Etat guinéen, représenté alors par la junte militaire et la compagnie China International Fund (CIF).

 

Ce contrat prévoyait un investissement de 7 à 9 milliards de dollars dans divers secteurs en Guinée notamment les infrastructures de transport et d’énergie.

 

En retour, l’Etat guinéen devait accorder à la société chinoise des contrats miniers ainsi que des blocs de recherches pétrolières dans sa zone offshore.

 

C’est dans le cadre de l’exécution de ce véritable troc que la chinoise a investi dans le train de la banlieue de Conakry, de même que des centrales thermiques à Kipé et à Entag. Elle bénéficiera en retour d’une convention minière à Forécariah où elle a opéré dans le fer pendant des années.

 

Selon Oyé Guilavogui, ministre des Transports, « Conakry Express » a été mis en circulation en 2010. Sans aucun contrat, l’appareil est entré en activité avec « une simple facture commerciale ».

 

« C’est un train qui ne nous appartient pas. Il appartient au groupe chinois qu’on appelle CIF », a précisé Guilavogui ce vendredi.

 

Les choses ont commencé à coincer lors qu’après six ans de bons et loyaux services, les partenaires chinois présente au gouvernement guinéen la note salée de 85 millions de dollars représentant le coût du train, les stations, les pièces détachées et l’assistance technique.

 

Les négociations diligentées par une commission interministérielle mise en place par le gouvernement de Guinée ont permis de réduire la facture de 85 millions de dollars à 42 millions de dollars, y compris l’assistance technique.


Négociations bloquées

 

Les discussions entre les deux parties en vue du paiement de la dette sont retombées au point mort. En cause, les soupçons d’escroquerie portées contre le PDG de la société CIF.

 

Pour appel, courant octobre 2015, l’homme d’affaires Hongkongais Sam Pa, également appelé Xu Jinghua, a été arrêté à Hong Kong pour corruption présumée en rapport avec ses sociétés de droits angolais.

 

Un an plus tard, en décembre 2016, l’ancien ministre des Mines Mahmoud Thiam, signataire du contrat minerais contre infrastructures de CIF, était lui aussi accusé par la justice de New York de blanchiment de pots-de-vin portant sur 8,5 millions de dollars versés par une compagnie chinoise.

 

C’est dans cet imbroglio que l’Etat chinois a demande à la Guinée d’arrêter toute négociation avec China International Fund relatif au règlement de son dû.

 

« Nous étions presque au terme des négociations quand nous avons été alertés par le gouvernement chinois qu’il est tout à fait anormal de négocier avec une société qui est taxée d’escroquerie et dont le patron est arrêté en Chine », a confié le ministre guinéen des Transports.

 

« Et puisqu’on a été alerté par la Chine, le chef de l’Etat (Alpha Condé, ndlr) nous a demandé tout de suite d’arrêter les négociations afin qu’on poursuive les enquêtes autour de monsieur Sam qui est le patron de CIF », a ajouté le ministre Guilavogui.

 

Par Fanta Bah