
Les nouveaux ministres ont pour noms Aissatou Baldé (Environnement, Eaux et Forêts), Ibrahima Kalil Konaté (Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation) et Billy Nankouma Doumbouya (Fonction publique).
Dans le mini-remaniement de ce lundi deux détails sautent à l’œil.
D’abord le départ de la ministre de l’Environnement, des Eaux et Forets, Christine Sagno, reste pour l’instant une surprise. En attendant de voir les langues se délier sur les réelles raisons.
Ensuite, le limogeage des deux…frères Kourouma (Dr Ibrahima Kourouma de Enseignement Pré-universitaire et Sékou Kourouma de la Fonction publique) était prévisible pour tout observateur averti. A la limite, leur départ était souhaité par une frange des guinéens. Tant leurs erreurs dans les prises de décisions devenaient de plus en plus nombreuses.
A eux deux, ils ont fini par polluer l’environnement par des décisions contestées. Au point de nuire considérablement à l’image du président de la République et à celle du système de gouvernance que dernier incarne.
Le désormais ex ministre de l’Enseignement Pré-universitaire, Dr Ibrahima Kourouma est au centre de plusieurs polémiques depuis sa nomination il y a sept ans. Des surfacturations supposées des budgets alloués aux concours et examens de fin d’année à la gestion douteuse des concours de recrutements d’enseignants, il n’a joui d’aucune bonne réputation. Mais aussi surprenant que cela puisse paraitre, il a résisté à tous les remaniements ministériels à la surprise générale. Du coût l’homme a semblé par moment donner l’impression qu’il nargue les guinéens puisque bénéficiant de la protection du locataire de Sèkhoutoureyah.
De l’autre côté, Sékou Kourouma, jus qu’hier ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat et de la Modernisation de l’Administration, n’avait plus la cote auprès des travailleurs du public. Principal artisan de la réforme de l’administration publique, mais curieusement en manque d’arguments convaincants, il avait fini par griller la confiance placée en lui dans l’affaire dite de « grille salariale » dont il n’a jamais pu expliquer convenablement aux syndicalistes.
La dernière confusion qui a fini par emporter les deux hommes est bien la gestion du concours de recrutement de quelques 5000 enseignants de l’élémentaire et du secondaire. Ce concours, décrié par les contractuels, mais présenté par les deux Kourouma comme exempt de toute erreur humaine, n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. L’abandon des classes par les contractuels avait poussé les élèves à descendre dans la rue. Et tout le monde connait la suite.
La gestion dont il ont fait de ce dossier de recrutement a donné l’impression que le régime Condé est capable de faire la sourde oreille à tous les grincements de dents pour défendre des résultats contestés d’un concours sans la moindre demande d’explication du président. Cette situation a largement contribué à surchauffer les nerfs et a débouché début février à la grève des enseignants qui a entrainé la mort de sept personnes à Conakry.
Avec les décrets du lundi le président a fini par prendre ses responsabilités. Il reste indéniable que le sentiment de malaise qu’ils ont crée et entretenu dans l’administration publique et au sein du système de l’éducation pré-universitaire est à l’origine de leur limogeage. La décision d’Alpha Condé est sage mais bien tardive. Car il aura fallu encore à la Guinée de payer un lourd tribut : sept morts et trois semaines de cours perdues pour les élèves. Un véritable gâchis qu’il pouvait épargner aux Guinéens en se débarrassant de ces deux ministres au centre de nombreuses controverses depuis des années.
Par Elie Ougna