
C’est désormais clair dans les têtes chez nos voisins ivoiriens. Le président Ouattara, initiateur de la révision de la Constitution qui institue désormais la vice-présidence dans son pays ne veut pas d’un troisième mandat.
C’est en présentant ses vœux du nouvel an aux corps constitués que le président ivoirien a manifesté son désintérêt à se maintenir au pouvoir au terme de son second et dernier bail à la tête de la Côte d’Ivoire.
« A l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 », a-t-il clairement affirmé, mettant ainsi fin à toutes supputations sur les bords de la lagune Ebrié.
Exercice rarissime en Afrique mais à portée hautement démocratique. Pendant que Alhassane Ouattara s’attèle à clarifier sa position, son homologue guinéen Alpha Condé, 78 ans, élu et réélu aux mêmes moment que lui, se mue dans un silence inquiétant.
La seule fois qu’il a été interpellé par la presse locale sur cette question l’année dernière, l’opposant historique devenu président qui revendique le titre du »Mandela » de la Guinée a laissé prospérer le doute.
« C’est le peuple de Guinée qui décidera le moment venu. D’ailleurs, les débats pareils ne m’intéressent pas pour l’instant. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est comment faire avancer la Guinée. Qui est le bon Dieu pour savoir qui sera président en 2020 ou pas. Ce n’est pas à quelqu’un de décider. Seul le peuple décidera. » (Sic)
Cette réponse dubitative a suffi pour laisser croire aux pronostiqueurs les plus pessimistes que le Chef de l’Etat guinéen n’écarte plus la possibilité d’un passage en force pour un troisième mandat. Quitte à tordre le cou à la Constitution et à son article 27 qui exige un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.
Pour ces partisans, leur inquiétude est fondée. D’autant que des « sirènes révisionnistes » retentissent depuis des mois à Conakry sans qu’ils ne soient remis à leur place comme il se doit. Le suspense est garanti surtout que le président lui-même a invité mi-décembre les ONG enclines à donner des cours de démocratiques aux États africains à balayer devant leurs propres portes d’abord et à s’abstenir de donner des leçons à la Guinée en 2017.
Par Elie Ougna