
du surnom du célèbre opérateur du secteur de la pêche Aboubacar Camara alias Böbödi, PDG de la société de prêche Sabou Guinée, membre du Rpg Arcen-ciel. Selon les témoins, dès son arrivée dans les parages, le magnat furieux a traversé la foule pour se jeter comme un shérif sur le jeune protestataire.
Il lui inflige une gifle. Le jeune homme ne s’est pas fait prier pour la lui rendre en plein visage. Et bonjour le combat de rue ! Match nul. Zéro partout.
Autre signe, la veille de cette altercation une scène particulière s’est produite en face du Commissariat central de Kaloum où un aliéné mental a lancé un projectile sur le cortège présidentiel.
Les policiers l’ont corrigé proprement avant de le lâcher. Aux abords du stade de la mission catholique alors que se déroulait un match inter-quartiers opposant Tèninètaye et Manquepas se jouait à huis-clos (sans supporteurs). Les deux équipes se sont présentées vers 6h du matin. A cette heure-là l’équipe de l’AS Kaloum occupait le terrain. Mais à 8h tout débute. Vers 10h, les écoliers boudent les classes pour supporter leurs équipes et prennent d’assaut les entrées du stade. Cependant, une décision des autorités sportives avait interdit l’accès des supporteurs au stade. Se crée alors des échauffourées avec les agents des forces de l’ordre. A ce moment précis, la présidente de la délégation spéciale de Kaloum pointe son nez, mais elle n’est pas la bienvenue. Hués et cris inhospitaliers l’accueillent. La police procède à des arrestations sélectives. Le temps passe.
Puis, le cortège présidentiel annonce ses sirènes. Il n’en fallait pas. Le stade de la mission n’était pas la destination finale, mais un passage obligé pour le cortège d’Alpha Condé. Le chef de l’Etat se laisse aller dans l’improvisation. Il fait ralentir son cortège, baisse la vitre du véhicule de commandement.
La foule composée essentiellement de jeunots excédés par la mal-gouvernance et l’extrême pauvreté de leurs familles respectives appréhendent la silhouette de leur président. Ils improvisent et lancent des slogans du genre: « Apprenti avion », « Six ans zéro », « Alpha zéro ! ».
Vendredi à la mosquée de Boulbinet la plus proche de la présidence de la République, les habitants ont eu vent de l’arrivée du chef de l’Etat pour y accomplir son devoir religieux.
Des jeunes gens vident des sachets d’eau que d’aucuns remplissent d’urine, et mettent des oeufs dans leurs poches.
L’avant-prière annoncée par l’appel du muezzin, des policiers investissent les lieux. La situation est à la grogne. De fil en aiguille l’information parvient à qui de droit. Alpha Condé ne viendra plus.
Vendredi nuit vers 21h les jeunes interpellés sont libérés et déposés chez eux en voiture.
Évènements – leçons
L’ami socialiste (d’Alpha Condé) François Hollande abandonne. Il ne se présentera pas pour un second mandat à la tête de la France. En Gambie, Yahiya Jammeh passe la main à l’issue d’une élection jugée démocratique. En Angola, l’autre ami de président Dos Santos s’abstient de se
présenter en 2017. Autant d’événements-leçons qui ont fait la Une cette semaine. Et devraient donner des lunettes ou des loupes au chef d’Etat Alpha Condé accusé à tort ou à raison de se préparer à conquérir un 3eme mandat.
Au centre des suspicions, les récentes affirmations du directeur général de la police nationale, le désormais très controversé Bangaly Kourouma, faites à Nzérékoré la capitale de la région du Sud. Un coin de la Guinée d’où est parti le slogan « Dadis ou la mort » en 2009.
Selon les dires du flic Kourouma, la Guinée qui n’a jamais connu d’ancien président vivant sur son sol depuis son indépendance en 1958, ne peut en connaitre un nommé Alpha Condé.
Le policier Kourouma a parlé à sa façon à lui et dans un ton tout à fait particulier devant un public attentif mais pas naïf.
Evidemment, avant le policier, d’autres thuriféraires ont passé le temps à dire qu’Alpha Condé est tellement méritant qu’il lui faut un troisième mandat pour réaliser ses projets et programmes. Ceux-là sont tapis dans l’ombre du bureau exécutif du parti au pouvoir avec un représentant bien connu du
public, en la personne de l’ancien ministre Alpha Ibrahima Keira. Néanmoins, au sommet de l’Etat, lors de son investiture pour un second mandat, le président de la Cour constitutionnelle Kéléfa Sall avait conseillé de ne point prêter oreille aux « sirènes révisionnistes ». Alpha Condé va-t-il écouter les tenants de toutes ces tendances et savoir raison garder ? Attendons de voir.
Conclusion. Sous le poids de l’âge et les tracas quotidiens de la présidence, à Alpha Condé de décider et de montrer à son peuple de quelle grande ou petite porte voire de quelle fenêtre il sortira du palais
Sèkhoutouréya.
Par N’Famory Keita (in Le Populaire)