
En 2050, un Asiatique sur quatre aura plus de soixante ans, selon un rapport des Nations Unies tandis que la croissance démographique urbaine va croître de 188.000 personnes par jour, mettant une pression énorme sur l’immobilier.
100.000 dollars la concession
Le Japon a sans doute subi les changements les plus spectaculaires de ses conditions funéraires. Au cours des dernières années, le coût du maintien d’une parcelle funéraire a grimpé en flèche. Aujourd’hui, une place dans le prestigieux cimetière Aoyama, à Tokyo, coûte 100.000 dollars (89.000 euros) alors qu’un simple columbarium – appelé Nokotsudo – peut atteindre 12.000 dollars (10.500 euros) dans un temple bouddhiste situé au centre de la ville.
Bouddha en LED
Des prix exorbitants si l’on compare à ceux pratiqués à Bruxelles, où une concession de 15 ans pleine terre adulte ou un columbarium coûtent 760 euros. Le columbarium Ruriden Byakurengedo dans le célèbre quartier commerçant de Tokyo-Shinjuku, propose des concessions moins onéreuses, où la technologie correspond à la modernité du pays. De l’extérieur, Ruriden ressemble à un bâtiment funéraire bouddhiste traditionnel, mais une carte électronique vous ouvre les portes d’un spectacle étonnant où 2045 statues de Bouddha sont éclairées par des LED.
Chaque bouddha brille d’une couleur différente, guidant chaque visiteur vers la niche qui héberge les cendres du proche.
Entretien inclus
Une niche à Ruriden vaut 7.379 dollars (6.500 euros) pour une concession de 30 ans (entretien inclus). Au terme de cette période, les cendres du défunt sont transférées dans un espace communal sous un building afin de laisser la place à d’autres urnes.
Une solution parfaite pour de nombreuses personnes âgées, sans enfants, inquiètes de l’entretien de leur columbarium ou de la transmission à la prochaine génération. « La population du Japon est en baisse en raison du faible taux de natalité, il devient dès lors difficile de remettre la tombe à la famille ou à la génération suivante », remarque sur CNN Taijun Yajima, prêtre du temple bouddhiste Kokokuji à Tokyo qui exploite Ruriden.
Bibliothèque intelligente de cendres
Et le recours à la technologie ne modifie pas le respect des défunts. « La tradition et le respect envers les défunts sont maintenus en dépit de l’utilisation d’une haute-technologie. Ce columbarium répond simplement aux besoins de notre époque ». Plusieurs bâtiments funéraires de ce type ont vu le jour, comme le Shinjuku Rurikoin Byakurengedo, également à Tokyo. Comparable à un vaisseau spatial, il fonctionne comme une bibliothèque intelligente de cendres.
« L’odeur du bâtiment n’a rien d’un crématorium classique », affirme Hikaru Suzuki, auteur du « Le prix de la mort: l’industrie funéraire du Japon contemporain ». Ici, une carte magnétique actionne une machine qui récupère les cendres du défunt stockées dans une voûte souterraine et les transporte à travers un système de bande transporteuse dans une salle appropriée. Le bâtiment contient des dizaines de milliers d’urnes et ne nécessite pas d’entretien pour les membres de la famille du défunt.
Une mer d’idées
Hong Kong offre à peine à ses habitants un espace de vie, pas demandé pour les morts. Les site d’inhumation sont dès lors peu pratiques
et 90% de la population opte pour la crémation. Mais même les cendres ont besoin d’une « maison » et réserver une niche dans un columbarium public revient à emporter la super cagnotte de la loterie, en raison de la présence de milliers de familles sur liste d’attente selon le ministère de l’Alimentation, de l’Hygiène et de l’Environnement (FEHD) en charge des installations.
En outre, le coût d’une niche privée atteint les 100.000 dollars. Selon les chiffres de la FEHD, d’ici 2023, Hong Kong, ville de 8 millions d’habitants, fera face à un déficit de 400.000 niches. D’où la nécessité d’idées émergentes et innovantes, à l’image du « Floating Eternity » (l’éternité flottante), un cimetière réservé aux marins visant à soulager la pression sur les sites d’enfouissements de la ville.
« Gaspillage »
« À Hong Kong, il est de tradition de se rendre sur la tombe d’un proche deux fois par ans, en avril et en octobre », exoque Paul Mui, directeur du design de Bread Studio, l’étude d’architecture à l’origine du projet. « Accorder de telles superficies pour des lieux fréquentés deux fois par an est du gaspillage ». The Floating Eternity, si elle se concrétise, pourrait accueillir les cendres de 370.000 personnes. Le bateau pourrait accoster deux fois par an dans des endroits accessibles pour permettre aux familles de prendre part à bord aux fêtes traditionnelles des morts.
Enterrement de l’Espace
The Elysium Space va un pas plus loin puisqu’il propose ni plus ni moins de lancer les cendres… sur orbite. Pour près de 2000 dollars chacun, 100 familles peuvent obtenir une concession dans une fusée pour propulser une capsule de 1 grammes de cendres dans l’espace.
Le satellite contenant les capsules sera en orbite autour de la Terre durant plusieurs mois avant de revenir dans l’atmosphère et de brûler comme une étoile filante. « L’Espace est non seulement un lieu technologique, mais il constitue également un beau paysage pouvant être utilisé pour créer des célébrations poétiques », évoque Thomas Civeit, fondateur d’Elysium Space.
Le premier lancer a d’ailleurs déjà eu lieu, en 2015, depuis Kauai sur l’île d’Hawaï et un autre est prévu cette année. Elysium Space a pensé à tout puisqu’une application permet aux familles de localiser le satellite et de le voir à l’oeil à l’aide de jumelles. « Les nouvelles pratiques comme celles-ci ne tombent pas du ciel. L’enterrement de l’espace est un point culminant des possibilités technologiques et répond au désir des plus jeunes générations d’écrire de nouvelles histoires sur la vie après la mort ».
Source : 7sur7.be