
Le ministre d’Etat, Conseiller à la Présidence chargé des questions d’investissements et du Partenariat Public-privé, Ibrahima Kassory Fofana, a prononcé la semaine dernière à Fria un discours dont il pouvait, à vrai dire, s’en passer.
S’exprimant en effet pendant la cérémonie marquant le lancement de l’audit, le Conseiller du président Alpha Condé a affirmé que l’arrêt de la raffinerie est intervenu par la faute du syndicat des travailleurs.
« Je veux rappeler à tous ceux qui, très souvent, mettent en cause le gouvernement que la situation de blocage des activités de Friguia, a été hélas, l’œuvre des syndicats », a-t-il déclaré.
« Ce n’est pas le gouvernement qui a décidé d’arrêter Friguia. Ce n’est pas Rusal non plus qui a demandé d’arrêter Friguia. Ce sont nos enfants et frères qui, par l’œuvre d’un syndicaliste irresponsable, ont conduit à la fermeture de Friguia ».
Pour Kassory, le syndicat qui a appelé les travailleurs à observer une grève à compter de ce 4 avril 2012 pour exiger une amélioration des conditions de vie et de travail est « irresponsables ».
Fallait-il donc pour les travailleurs accepter les traitements peu honorables que Rusal proposait ?
Une seule chose est certaine. Ce discours du ministre à la Présidence chargé des questions d’investissements et du Partenariat public-privé désarme les futurs employés de Friguia et les expose à des investisseurs russes qui sont loin d’être irréprochables.
Ils ne pourront plus revendiquer. Les russes ayant reçu un soutien de taille au sommet de l’Etat guinéen.
Ils devront accepter, parfois la mort dans l’âme, ce qui leur sera imposé. A défaut, démissionner volontairement, sans tambour ni trompette.
Mine de rien, le ministre Ibrahima Kassory Fofana a hypothéqué à Friguia le droit syndical avec son éternel compagnon qu’est la grève pour un mieux-être.
Certes la relance de la raffinerie peut-être interprété comme un évènement historique.
On sait que le rôle de M. Kassory est de plaider en faveur d’un climat favorable aux investissements. Mais son rôle n’est pas non plus de sacrifier un syndicat sur l’autel des investisseurs qui, dans la plupart des cas, n’ont d’égard que pour leurs intérêts.
Il devait se passer de ces propos qui ont définitivement vendu les futurs employés de Rusal à leur employeur.
Par Elie Ougna