
La CPRN a invité hier le président de la République à lancer le processus de réconciliation en Guinée afin de réparer les injustices commises dans le pays depuis son indépendance en 1958 à 2015. Un mécanisme qui devra passer nécessairement par la création d’une Commission chargée d’établir les faits.
« Au regard des attentes exprimées par les populations au cours des consultations, il urge que la Commission Vérité soit rapidement mise en place », a indiqué Monsieur Vincent Coulibaly, un des co-présidents de la CPRN, lors de la remise du rapport au Chef de l’Etat.
Cette commission de vérité, ont souligné les deux religieux qui ont piloté la CPRN, devra reposer sur les principes standards et devra prendre en charge les violations comme les assassinats, les arrestations arbitraires, les exils forcés, les expulsions etc.
Elle devra ensuite proposer des mesures devant garantir la non-répétition des actes de violences graves commis. Et être indépendante de tout pouvoir et faire preuve d’impartialité.
Il faut rappeler que la Commission provisoire de réconciliation nationale a été créée en 2011. Co-présidée par le Premier Imam de la Grande mosquée Fayçal Elhadj Mamadou Saliou Camara et l’Archevêque de Conakry Monsieur Vincent Coulibaly, elle a pu toucher plus de 9000 personnes pendant ses consultations.
Les opérations ont permis de réaliser 4898 enquêtes, 732 interviews individuelles, 104 focus group.
Outre la mise en place de la Commission vérité, la CPRN a invité le gouvernement à mettre en place des mécanismes de la justice de transition. Et que des mesures soient prises dans le cadre de la réforme de la Justice pour que celle-ci soit plus proche des citoyens.
Aussi, la CPRN a invité les autorités guinéennes à élaborer un programme de réparation « réaliste » en tenant compte des réparations individuelles, collectives, matérielles et symboliques.
Des travaux, il résulte la nécessité pour les guinéens de se parler et d’engager un processus de réconciliation sincère.
« Ne nous leurrons pas. La Guinée a besoin de vérité, de justice, de réparations et de réformes institutionnelles profondes pour assurer un développement serein au service des générations futures », a dit Mgr Coulibaly.
« Travail exceptionnel »
En recevant le document de 300 pages, le président Alpha Condé a salué un travail remarquable abattu par l’équipe des deux religieux.
Il a toutefois relevé la complexité de la réconciliation en Guinée, due au fait que dans certaines circonstances, les bourreaux sont devenus des victimes et vice versa.
« Connaitre la vérité est extrêmement difficile mais c’est une nécessité. Car l’histoire de notre pays est jalonnée de crimes et d’injustices. Nous avons beaucoup à nous faire pardonner », a souligné le Chef de l’Etat.
« Vous avez fait un travail exceptionnel », a indiqué Alpha Condé, ajoutant que les crimes commis en Guinée depuis 1958 seront traités sur le même pied d’égalité.
Le président a promis de prendre connaissance du contenu du rapport et de le partager avec les partenaires techniques et financiers de la Guinée en vue de choisir le mode qui correspond le plus à l’histoire de la Guinée.
Par Sériane Théa