
Sidi Diallo, Secrétaire général du syndicat de la presse privée en Guinée :
»La liberté de la presse est un peu respectée en Guinée, mais avec difficultés. Vous savez très bien dans quelles conditions nous avons traversé les trois dernières années. Et n’oubliez pas la situation de nos collègues à Womey, notre confère Koula Diallo tué en février dernier, sans oublier la disparition physique de Chérif Diallo. Jusqu’à présent, nous sommes sans nouvelles de lui et cela fait un an maintenant. Certains collègues ont été ou sont actuellement détenus. Tout cela est inquiétant. Je ne peux dire qu’il n’y pas de liberté de presse. Mais s’il y en a, c’est avec beaucoup de difficultés. L’appel que je vais lancer aux autorités guinéennes, c’est de vraiment respecter cette loi en dépénalisant effectivement les délits de presse. On ne peut pas continuer de voir nos amis dans les prisons. Je lance l’appelle aux patrons de presse d’améliorer les conditions de vie et de travail des journalistes. On entend aujourd’hui que trois de nos collègues sont arrêtés. Je ne dirais pas que c’est une raison principale qui les a poussés à le faire. Mais la plupart d’entre nous n’a pas de situation claire. Donc, il faut que les patrons de presse acceptent de bien traiter les gens, quitte à diminuer les effectifs et à maintenir les bons journalistes afin d’avoir de bons résultats ».
Hassane Kaba, Directeur Général de la Maison de la Presse de Guinée :
»La liberté de la presse est relativement respectée en République de Guinée. Je dis bien relativement, parce que si, d’un côté, on peut se réjouir du fait que très peu de journalistes sont jetés en prison pour ne pas dire qu’il n’y en a même pas même, s’il y a un procès en cours concernant trois de nos confrères, je peux dire à l’instant même que et jusqu’à preuve du contraire aucun journalistes à ce jour n’est privé de sa liberté. Pour des infractions liées aux délie de presse, il n’y en a pas et cela est réjouissant a plus d’un titre. Mais de l’autre côté, en matière de liberté de presse ce n’est pas suffisant. Toute liberté doit être assumée. Et pour qu’elle soit complètement assumée, c’est les moyens financiers. Et tant qu’il y aura des journalistes mal payés ou pas du tout payés en Guinée, alors qu’ils sont parfois dans les besoins que je qualifierais de besoins primaires, ils sont assez fragiles, exposés. À ce niveau, il y a une grande bataille à mener et à poursuivre. De l’autre côté, il y a souvent des entraves avec quelques éléments des forces de sécurité. Les journalistes sont parfois pris à partie dans les QG des partis politiques. C’est des choses très malheureusement qui continuent en Guinée. Dans les pays les plus développés les journalistes respectent la déontologie de leur métier. Mais en Guinées, tel n’est pas le cas.
Aux autorités guinéennes, je dirais que nous avons un besoin crucial. Il n’y a même pas de survie pour certains patrons de presse. La subvention de cette année va être un peu diminuée. Je demande aux autorités de se pencher sur ce sujet-là et de favoriser les conditions propices au développement des médias en République de Guinée. Je demanderais aussi à nos confères journalistes, en essayant de se former davantage, de respecter le code de l’éthique et de la déontologie du métier de journalisme. Si nous acceptons de balayer devant notre propre porte, il va de soi que la population aura plus confiance en nous. Si vous êtes des journalistes alimentaires, des journalistes irresponsables, ce n’est pas une bonne image que la société aura de nous. Nous avons un rôle important à jouer dans la société guinéenne ».
Younoussa Bangoura, journaliste à Matinguinee.com:
»La liberté de la presse est respectée à moitié en Guinée dans la mesure où jusqu’à présent, il n’y a pas eu de journaliste qui soit condamné en Guinée. Mais de l’autre côté, les responsables des médias ne prennent pas leur responsabilité parce qu’il n’y a aucune rédaction en Guinée qui peut dire qu’elle respecte le traitement de ses journalistes en ce qui concerne le paiement des salaires et l’amélioration des conditions de vie. Dans la recherche de l’information, il y a des risques à franchir et les journalistes sont totalement exposés à ces risques, alors que les responsables de presse et les associations ne jettent même pas un coût d’œil sur cet état de fait. Donc il reste beaucoup de choses à faire à ce sujet. Je lance un appel à l’endroit des autorités guinéennes. Les associations comme AGUIPEL, AGEPI et d’autres ne jouent pas aussi leur rôle car elles n’attendent que la subvention. Elles ne montent pas de projets de formation pour les journalistes. »
Sémah Katouma Camara, journaliste à la radio Atlantique Fm
« Les journalistes sont parfois menacés, intimidés dans l’exercice de leur métier. Les journalistes sont parfois tués. Le dernier cas en date est l’assassinat de notre confrère Mohamed Koula Diallo qui a reçu une balle dans son corps alors qu’il exerçait son métier de journalisme. Chose qui est déplorable. Pour le moment, il n’y a aucun journaliste en prison pour des motifs liés à l’exercice de son métier. Ce que nous pouvons accepter et féliciter.
Ce que je peux dire aux autorités guinéennes, c’est de renforcer la sécurité des médias. Un pays sans médias, c’est un pays qui est voué à l’échec. Un pays sans médias, c’est un pays sans informations. Donc les personnes qui doivent informer, ce sont les médias. Ils doivent être sécurisés. Je lance un appel aux ministres de la Justice, de la Communication. Ces derniers temps d’ailleurs, les ministres qui viennent à la Communication ne jouent pas leur rôle. Les journalistes sont parfois intimidés et ce sont parfois les associations de presse qui régissent à travers des déclarations. »
Propos recueillis par Sériane Théa