
« A la demande de la Guinée, la France va consacrer 174 millions d’euros au renforcement des systèmes de santé, au soutien à l’éducation et la formation, à l’accès à l’eau et à l’électricité, et à la relance économique », a annoncé la Secrétaire d’Etat chargée du développement et à la Francophonie, Annick Girardin.
Cette annonce a été faite au cours d’une conférence « Ebola, retour d’expérience » à Paris, qui rassemblait de nombreux protagonistes ayant pris part à la lutte contre cette épidémie sans précédent.
La Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, des pays d’Afrique de l’Ouest limitrophes, ont été les plus affectés par l’épidémie apparue fin décembre 2013 dans le sud de la Guinée. Le virus a fait quelque 11.300 morts sur plus de 28.400 cas recensés, à 99% dans ces trois pays, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Elle est aujourd’hui circonscrite, mais deux nouveaux cas ont été enregistrés la semaine dernière en Guinée.
« C’est grâce à la solidarité internationale que nous sommes venus à bout d’Ebola. Il faut le rappeler, c’est une victoire collective face à une menace mondiale », a souligné à cette occasion Mme Girardin.
« Même si nous nous félicitons aujourd’hui, nous devons avoir un regard lucide sur ce qui n’a pas fonctionné. C’était le but de cette journée. Les choses ont été dites. Elles devront être suivies de décisions », a-t-elle souligné.
« Demain de nouvelles crises comme Ebola feront leur apparition. Ce jour-là nous n’aurons plus l’excuse de la surprise pour expliquer les retards à l’allumage. Il nous faut un nouveau langage, de nouveaux outils, une nouvelle OMS », a estimé Mme Girardin.
La conférence de ce jeudi s’est déroulée en présence de Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à la recherche, de Chrystos Stylianides, commissaire européen et envoyé spécial pour Ebola, et de David Nabarro, envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour Ebola.
Les échanges ont montré « l’importance que la communauté internationale dispose d’un dispositif d’urgence en cas de crise sanitaire », capable de définir une stratégie (…) avant qu’une réponse structurée ne prenne le relais », selon les recommandations des participants, exprimées par Mme Girardin.
« Les pays africains doivent consacrer une part significative de leurs ressources nationales au secteur de la santé. Les systèmes de santé déliquescents sont des bombes à retardement. Et la solidarité ne peut pas tout », a-t-elle insisté.
« Les populations doivent avoir confiance dans leur système, ne pas avoir peur d’aller consulter », a également relevé la ministre.
Il faut également « comprendre au plus vite la culture locale, s’y adapter, intégrer les communautés locales dans la riposte », selon Mme Girardin, citant l’exemple des coutumes locales autour de l’inhumation.
Enfin, « la crise sanitaire, quelle que soit sa nature, ne doit en aucun cas signifier l’arrêt des programmes d’aide, des services de base, de l’activité économique et des transports internationaux. Un pays touché et coupé du monde est une menace encore plus grande pour lui-même et son voisinage ».