jeudi , 30 novembre 2023

Zimbabwe : Mugabe se trompe et répète un discours déjà prononcé devant le parlement

Le président zimbabwéen Robert Mugabe, 91 ans, a prononcé par erreur mardi au parlement le même discours que celui donné le mois dernier, devant des députés de l’opposition qui affirment avoir reçu des menaces anonymes par SMS avant cette intervention.

Il y a eu un mélange dans les discours et le président a prononcé le mauvais discours à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, a déclaré George Charamba, le porte-parole du président zimbabwéen, au quotidien gouvernemental The Herald.

L’inamovible Robert Mugabe, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, a relu pendant 25 minutes l’intégralité du texte déjà prononcé devant les députés lors de son intervention sur l’état de la nation le mois dernier, sans visiblement s’apercevoir qu’il prononçait le mauvais discours.

La confusion s’est produite au niveau du secrétariat. Nous regrettons sincèrement cette erreur et des mesures disciplinaires sont envisagées, a poursuivi M. Charamba.

Les journalistes qui couvraient l’évènement avaient rapidement pointé les similitudes entre les deux discours. Mais les députés de l’opposition, qui avaient chahuté le président lors de son précédent discours le 25 août, sont cette fois restés silencieux, malgré la méprise.

Innocent Gonese, leader parlementaire du Mouvement pour la Démocratie et le Changement (MDC), principal parti d’opposition, a affirmé que sept de ses députés avaient reçu un SMS anonyme, les mettant en garde contre toute perturbation pendant le discours de M. Mugabe.

Le message, qui commençait par le mot +mort+, vient d’un numéro masqué et avertit les députés concernés que leur immunité s’arrête aux portes du Parlement, les a mis en garde de faire très attention à ce qu’il faisaient au parlement et prévenus qu’ils ne devaient pas perturber le discours présidentiel, a expliqué M. Gonese à des journalistes après le discours du président.

Le MDC, inquiet de ces menaces qui sapent l’intégrité du parlement selon M. Gonese, a néanmoins réagi dans la soirée en appelant le président Mugabe à démissionner.

Cela montre clairement que Robert Mugabe n’a plus les facultés mentales requises pour continuer à occuper le poste de chef de l’Etat, a affirmé Obert Gutu, le porte-parole du MDC, dans un communiqué.

C’est un signe certain de sénilité et d’une grossière faillite de la santé mentale et physique de Mugabe (…) un président nonagénaire qui en réalité devrait être à la retraite depuis longtemps, a-t-il poursuivi.

Le Zimbabwe traverse une grave crise économique depuis le début des années 2000, à la suite de la réforme agraire du président Mugabe qui a brisé un secteur-clé de l’économie du pays. Le chef de l’Etat a d’ores et déjà été désigné candidat de son parti pour la présidentielle de 2018.

AFP