Il y a quelques mois seulement, Momar Mbaye rempilait à la tête de la Fédération d’Athlétisme de son pays, (la FSA). Dix ans de règne dans une structure sportive, c’est un record dans le Sénégal d’aujourd’hui où les querelles de leadership sont la première cause de blocages dans le fonctionnement des mouvements associatifs.
Que ce soit en politique ou dans le milieu sportif ou ailleurs. Les raisons de sa « longévité » à la tête cette instance sont à chercher, certainement, dans sa façon de gérer les choses : parler peu, agir discrètement et, surtout, ne pas tout attendre de l’État.
Son passage au Dakar Université Club (D.U.C.), où il a dirigé la section ATHLÉTISME pendant des années, pèse lourd également dans sa longue et riche expérience. Sans compter qu’il a eu à pratiquer la discipline dont il est le patron aujourd’hui. Il baigne donc dans un milieu qu’il devrait bien connaître, pour ainsi dire.
Monsieur Mbaye n’est pas du genre à faire le tour des plateaux de télévision pour pérorer à longueur de journée, il n’est pas du genre à se plaindre tout le temps auprès des autorités. Son amour pour la « reine des disciplines olympiques » lui suffit à porter le fardeau de la lutte pour le développement de ce sport au Sénégal et au-delà de nos frontières.
Pourtant, Dieu sait que l’athlétisme, dans ce pays, souffre de tous les maux imaginables. A commencer par le désintéressement manifeste dont la discipline fait l’objet. L’athlétisme nous a pourtant valu tellement de satisfactions. Nos participations aux grandes compétitions internationales, depuis avant l’indépendance, et toutes les médailles glanées par-ci par-là depuis lors, font de l’athlétisme la discipline sportive la plus titrée au Sénégal.
La valeur de nos athlètes n’est plus à démontrer sur l’échiquier mondial. Cela depuis très longtemps d’ailleurs. Sa participation aux Jeux Olympiques de Tokyo en 1968 (pour ne pas remonter plus loin dans le temps) avait valu au très grand feu Mamadou Ndiaye le surnom de « Ndiaye Tokyo ». En 1986, Ndèye Aminata Niang, alors sociétaire du Dakar Université-Club et de l’équipe nationale, réalisait le meilleur temps de réaction aux starting-blocks, à l’occasion des Championnats du Monde des Juniors à Sudbury, au Canada.
Ce qui n’est pas rien sur les « petites distances » (les courses de vitesse) où le bon départ est déterminant pour la suite de la course. L’on fera économie de la jeune génération connue de tous : les Ami Mbacké et autres Mamadou Kassé Hane (celui-ci vient, malheureusement, de prendre la nationalité française).
L’on se focalise souvent sur la médaille d’argent olympique rempotée par le valeureux El Hadji Amadou Dia Ba en 1988 à Séoul, un grand honneur pour notre pays (même si ma conviction demeure qu’il pouvait monter sur la plus haute marche du podium, ce jour-là). Pourtant, des « Dia Ba », le Sénégal pourrait en produire à chaque claquement de doigts, si les moyens suivaient les efforts colossaux que ne cessent de déployer les techniciens et les administratifs qui gravitent autour de l’athlétisme sénégalais, si les moyens suivaient.
Monsieur Mbaye sait bien de quoi il parle, quand il dit qu’«il y a des Usain Bolt [parmi nos athlètes] » et qu’il « suffit de les faire éclore ». Par ailleurs, la place qu’a occupé Monsieur Lamine Diack dans l’Univers du sport et sa longévité au niveau de l’athlétisme mondial suffisent à apprécier la valeur de nos hommes dans la gestion de la chose athlétique.
Voilà, donc, que Monsieur Momar Mbaye se voit renouvelée la confiance de ses pairs pour continuer à présider aux destinées de l’athlétisme au niveau de la Région 2. Ce second mandat du sénégalais, au grand dame des deux autres candidats au poste (un nigérien et un nigérian) est une façon de reconnaître le bon travail jusque-là effectué.
Le petit éléphant, dit-on, n’a pas besoin qu’on lui souhaite de devenir gros, mais il besoin qu’on lui souhaite longue vie. Pour notre part, nous souhaitons à Monsieur Mbaye d’accéder, un jour pas très lointain, à la plus haute marche dans la gestion de la discipline reine. Son amour pour l’athlétisme et sa connaissance du domaine sont déjà des atouts à cela.
Pape O.B.H. Diouf février 2015