
Vous trouvez que la réaction française a tardé ?
Non. Hollande fait ce qu’il peut. Je pense que Paris va renforcer son aide. Mais il faut aussi penser, dès maintenant, au « post-Ebola ». Il faut notamment rééquiper les hôpitaux… La France n’a pas les moyens des Etats-Unis. Les Américains s’occupent du Liberia, la Grande-Bretagne de la Sierra Leone, la France de la Guinée [les trois pays principalement touchés par l’épidémie]. Mais il faut une réponse globale, parce que s’il reste un seul cas d’Ebola dans les trois pays, on ne sera pas sorti de la galère.
Quelles leçons tirez-vous de cette crise ?
Les institutions internationales n’ont pas réagi assez tôt. Ensuite, il y a eu une mauvaise communication. On peut, peut-être, nous reprocher de ne pas avoir dit qu’Ebola est une maladie très grave, mais dont on peut guérir. Je pense aussi à ce qu’a dit le président de la Banque mondiale : « On laisse mourir les pauvres et on soigne les riches. » Ça fait trente ans qu’Ebola est connue, mais comme c’est en Afrique, les laboratoires ou les Etats ne s’y sont pas tellement intéressés.
Quand pensez-vous pouvoir en finir avec l’épidémie ?
Le plus rapidement possible ! Ce sera le cas si nous arrivons à couper correctement la chaîne de contamination ; si on suit les contacts avec les malades à 100 % ; si on résout la question de la sensibilisation des populations et de la stigmatisation des personnes guéries. Il faut aussi améliorer la coordination. Hier, le secrétaire général de l’USAid [agence américaine d’aide internationale] m’a dit qu’il avait déjà accordé 30 millions de dollars [24 millions d’euros] à la Guinée. Je ne suis pas au courant.