
La France a jusqu’à fin novembre pour livrer le premier porte-hélicoptères Mistral à la Russie, faute de quoi Moscou formulera d' »importantes réclamations » financières, selon une source officielle anonyme russe citée par l’agence de presse russe Ria Novosti.
Selon cette source, Moscou attendra « jusqu’à la fin du mois avant d’émettre » ses réclamations et se préparerait actuellement à « plusieurs scénarios d’évolution des événements » et ne manquerait pas de faire connaître le montant possible du préjudice dû à la non exécution du contrat.
En soit ces déclarations sont loin d’être une nouveauté puisque des le 24 octobre dernier , le directeur de l’administration du président de Russie, Sergueï Ivanov, avait laissé entendre que la Russie demanderait des indemnités si le contrat n’était pas respecté.
« La Russie portera plainte contre la France pour demander des dommages au cas où Paris ne respectait pas la mise en oeuvre du contrat pour les Mistral », avait alors indiqué celui qui fut notamment ministre de la Défense au début des années 2000. Et d’ajouter que « ce n’est pas à Moscou, mais à Paris de décider si le contrat sera réalisé ou non. Nous entretenons avec la France depuis très longtemps, et nous ne voulons pas sacrifier nos intérêts mutuels à long terme au profit des circonstances.»
Le 14 novembre, un jour qui n’est pas innocent
Qui plus est, la diffusion de ces informations par l’agence officielle Ria Novosti semble correspondre à un calendrier attendu. En effet, selon plusieurs sources russes une cérémonie officielle de livraison du premier des bâtiments Mistral commandés avait été programmée pour ce vendredi 14 novembre. Une copie de ce carton avait d’ailleurs largement circulé sur Internet et dans les médias russes.
Et ce après que le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine ait publié sur son compte Twitter la lettre l’invitant à assister à Saint-Nazaire à la cérémonie officielle de livraison pour ce vendredi.
Agacement de Jean-Christophe Cambadélis
En tout état de cause, cet ultimatum présumé a suscité l’agacement du premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis qui a réaffirmé l’indépendance de la France dans ce dossier sensible sur fond de résurgence des tensions en Ukraine.
« M. Poutine non seulement veut fixer des ultimatums vis-à-vis de Kiev et de l’Ukraine mais à la France? Ce n’est pas comme cela que ça marche, M. Poutine », a dit le patron du PS sur Europe 1. « La France est un pays indépendant qui décide de ce qu’elle fait de la livraison ou pas des Mistral. »
« S’il y a une avancée démocratique et une paix en Ukraine, on peut voir », a-t-il souligné, précisant que si la décision était prise à Paris, la balle était dans le camp de Moscou.
De son côté, invité de RMC et BFMTV, Hervé Guaino, député UMP des Yvelines et ex-conseiller et plume de Nicolas Sarkozy, a estimé que sur ce marché la France devait respecter sa parole.