
Loin d’une présentation de bilan et d’un discours-programme comme il nous a habitués ces trois dernières années, le président de la République ne s’est pas dispersé.
Dans son discours de 6 pages, il a appelé ses compatriotes à l’unité et à la solidarité dans la lutte contre cette fièvre hémorragique. Entre les lignes, il a indiqué que le seul ennemie commun sur lequel il faut effectuer des tirs groupés en ce moment est bien ce maudit virus qui a déjà fait 714 morts en Guinée.
« L’épidémie que nous combattons ne fait aucune distinction entre les Guinéens », a rappelé Alpha Condé dans son discours radio-télévisé. ‘Nous devons nous rassembler, a-t-il ajouté, au-delà de nos origines, au-delà de nos opinions, au-delà de nos contradictions pour préserver ce qui est au dessus de tout : la vie et la pérennité de notre nation ».
S’il s’est réjoui de la tactique de la Moyenne Guinée, et plus précisément de celle de Télimélé dans la lutte contrer la maladie, Condé est apparu plus soucieux quant aux conséquences sur l’économie du pays. Conséquences caractérisées, à l’en croire, par le ralentissement des investissements, la baisse de l’activité économique préjudiciable à nos finances publiques, et la chute des réservations dans les hôtels.
Aux lendemains du massacre de Womey qui a fait 8 morts, il a aussi affiché une fermeté à l’égard des auteurs. Il a promis que ces crimes abominables ne resteront impunis.
En outre, le président a demandé « un sursaut national ». Ce déclic qui permettra de vaincre la maladie dans un bref délai. « Chaque fois que notre pays a eu à faire face à des événements douloureux tel que celui provoqué aujourd’hui par l’épidémie de la fièvre Ebola, il a su faire preuve de sursaut national, en mettant en avant son unité et sa détermination à faire prévaloir, par-dessus toute considération, l’intérêt supérieur du peuple guinéen ».
Un détail très important. Le locataire de Sèkhoutoureyah a rectifié son tir. Lui qui a avancé à Guéckédou la fameuse phrase « Nous n’avons pas peur d’Ebola », interprétée à tort ou à raison comme des propos à l’origine du laxisme des citoyens, a reconnu la gravité de l’épidémie. A ses compatriotes encore « sceptiques » il a avoué qu’Ebola est une »réalité, une maladie grave que l’on peut soigner ».
Par ailleurs, on retiendra ses mots de reconnaissance à l’endroit des acteurs socio-politiques du pays, et de la communauté internationale pour leur implication dans le combat. S’agissant des organisations comme MSF, OMS, la Croix rouge, auxquelles il reproche parfois d’encaisser tous les financements parfois au détriment des gouvernements des pays touchés et d’entretenir une mauvaise communication sur la maladie, Alpha Condé, a signifié les remerciements du peuple de Guinée.
Enfin, et point très important, c’est bien cette assurance qu’il donne aux pays voisins, plus enclins à fermer leurs frontières. A ceux-ci il a promis de faire du bon fonctionnement et de l’efficacité du dispositif sanitaire, une priorité.
Comme pour mettre fin à la brouille entre Conakry-Dakar et Conakry-Abidjan, il assuré de sa volonté de maintenir un dialogue soutenu »pour que les mesures de protection sanitaire indispensables ne deviennent pas un frein à l’intégration régionale ». Mais il prodigué un conseil selon lequel il vaut mieux mettre en quarantaine l’épidémie que les pays touchés.
Président en exercice de l’Union du Fleuve Mano, Alpha Condé s’est dit préoccupé de la protection de ses citoyens ainsi que de celles des habitants de la sous-région, de l’Afrique et du monde.
« Nos voisins et le monde entier peuvent compter sur la Guinée pour qu’elle fasse sa part dans la lutte contre Ebola », a-t-il déclaré.
Elie Ougna
+224 622 85 68 59
contact@kaloumpresse.com