
Que ce soit pour traiter avec ses ministres ou avec les journalistes, François Hollande est un véritable accro aux textos.
Pour avoir une chance de joindre François Hollande, rien de tel qu’un bon vieux SMS. Libération révèle en effet le goût prononcé du chef de l’État pour l’utilisation frénétique de textos. Qu’il s’agisse de communiquer avec ses ministres ou de prendre rendez-vous avec des journalistes, le président n’aime rien tant que pianoter sur l’écran de son smartphone, ignorant ouvertement le protocole.
Seul hic, ces échanges intempestifs de SMS se font souvent directement avec les ministres, à l’insu des collaborateurs concernés. Il arrive qu’ils viennent parasiter le circuit classique des arbitrages. « Ça peut lui arriver de trancher une décision par SMS avec un ministre sans en avoir informé le collaborateur qui travaille sur le dossier », rapporte ainsi un conseiller du président.
Idem pour la communication avec la presse : en mai 2014, le président cale ainsi une interview au Journal du dimanche – celle où il annonce le fameux « retournement économique » – sans en informer son tout nouveau conseiller en communication, Gaspard Gantzer.
Un bombardement textuel difficile à encaisser pour certains. « Avec son portable, Hollande est sur notre dos en permanence, confie un ministre. Lequel d’entre nous n’a pas pris un SMS dans la gueule depuis le début du quinquennat ? » En fait, un tel privilège n’est pas l’apanage de tous, précise Libération. Beaucoup de ministres, à l’instar de Vincent Peillon, qui a été en charge de l’Éducation nationale, ou de Philippe Martin, ex-ministre de l’Écologie, n’ont jamais eu les grâces présidentielles. Contrairement à Cécile Duflot, ancienne ministre du Logement avec lequel le président a entretenu une intense communication par SMS, y compris pendant les Conseils des ministres.
Textoïte aiguë
« Le sujet avait été jugé suffisamment problématique pour qu’une réunion de crise consacrée aux SMS intempestifs du chef de l’État soit organisée à l’Élysée courant 2013. Mais il avait été statué que rien ne changerait puisque Hollande fonctionnait ainsi », précise le quotidien.
Le président, quand il a été élu, a d’ailleurs refusé catégoriquement de se séparer de son numéro historique, très connu dans la sphère politico-médiatique. Pas question pour le chef de l’Etat de perdre les contacts amassés pendant trente ans de vie politique. « Pour ses conversations strictement confidentielles sur des sujets de sécurité intérieure ou de défense, le Président dispose d’un second téléphone avec une ligne, cette fois, sécurisée. Mais peu de ministres en connaissent le numéro », note Libération.
Il faut dire que pour François Hollande, le texto est aussi un moyen de garder le contact avec proches et amis de longue date que sa nouvelle fonction l’empêche de voir régulièrement. Comme lorsque Bernard Combes, son ami aujourd’hui conseiller à l’Elysée et maire de Tulle, lui envoie le résultat du match de rugby du Sporting Club tulliste contre Lavaur (Tarn). « On a gagné 17-13 », écrit le maire de Tulle. « Ah quand même, on remonte ! », répond le chef de l’État.
Car d’humour, y compris par texto, François Hollande n’en manque pas. Pour preuve, alors qu’il écoutait religieusement le discours de politique générale de Manuel Valls devant sa télévision, le président a envoyé à plusieurs de ses ministres, assis sur les bancs de l’Assemblée nationale, « Mais souriez, vous êtes tendus ! »
Le Point