mercredi , 22 mars 2023

Faillite de la BADAM : protestations imminentes des victimes à Conakry

Plus de trois ans après la faillite de la Banque Africaine pour le Développement Agricole et Minier (BADAM), l’association guinéenne des usagers des banques (AGUB) et les victimes forment un bloc pour assurer leur défense. Elles promettent des manifs dans les jours qui viennent.

 

Avec le slogan « Nous exigeons le paiement intégral des clients de la BADAM pour encourager la bancarisation en Guinée », ce collectif a lancé officiellement mardi, à Conakry, un Comité de soutien aux victimes de l’institution financière.

Dans le ravin depuis novembre 2011, les clients courent derrière les actionnaires de la défunte BADAM et le gouvernement pour réclamer 36 milliards de francs guinéens.

Selon Lansana Diawara, président dudit comité, la faillite de la banque est une « délinquance financière ou du terrorisme financier » de la part des
personnes qui ont envoyé la BADAM dans le ravin.

A l’en croire, près de 40 000 personnes dont des pères de familles en souffrent à cause de la saignée financière de la BADAM.

Pour trouver solution et satisfaire les clients, le président de l’AGUB affirme que plus de démarches ont été menées auprès des autorités à tous les niveaux. En vain.

Pour les défenseurs des clients de la banque, ils sont confrontés à un « refus, voire un sabotage ».

Après avoir utilisé tous les recours possibles, le comité menace de descendre sur la rue si des dispositions ne sont pas prises dans un bref délai par l’Etat, pour
dédommager les victimes.

 

« Nous exhortons le gouvernement de bien vouloir prendre une décision immédiate et de payer intégralement les 36 milliards GNF qui reviennent aux petits détaillants sans exception, sans distinction de groupe, de race’’, a dit le vice-président du Comité de soutien, Moussa Sacko. « Nous disons au gouvernement que si toutefois nos
doléances ne sont prises en compte, nous serons obligés de descendre dans la rue », a-t-il dit.

 

Selon Moussa Sacko, cette descente est « imminente ». Et « peu importent les conséquences ».

 

« Nous les assumons, car nous sommes sur la ligne de feu. Nous sacrifions notre vie si cela vaut le coup pour pouvoir trouver solution et satisfaction à ceux là qui ont perdu leur vie, à ceux qui ont déserté, ceux qui sont exilés, ceux qui ont perdu leur ménage, ceux qui ne peuvent plus payer leur ordonnance suite à cette
délinquance financière », a-t-il dénoncé.

 

On rappelle que la BADAM a été lancée en mars 2010 avec pour mission de  relancer l’agriculture, en appuyant les associations paysannes, les chambres d’agriculture, et d’apporter également un soutien aux acteurs de la pêche et de l’élevage ainsi que les sociétés minières.

 

Son capital social devait être levé à hauteur de 50 milliards de francs guinéens. Ce qui n’a jamais été fait. Parmi les actionnaires, figurent le richissime homme d’affaires et président du parti UDG, Mamadou Sylla, et Dr Ousmane Kaba ancien ministre des finances, député et proche du pouvoir.

 

La Banque Centrale de la Guinée qui devait veiller au respect des normes prudentielles de la BADAM avait failli à sa mission. Les actionnaires, adeptent des dépenses colossales inappropriées ont entrainé la jeune banque droit dans le mur. Résultat, l’institution bancaire n’a pas échappé au fiasco financier qu’elle a connu.

 

Les membres du Comité de soutien aux victimes de la faillite de la BADAM fustigent la « négligence » du gouvernement dans la résolution de la crise.

 

« Le gouvernement a trouvé les 51 milliards de francs guinéens pour dédommager les déguerpis des emprises de Coyah. Il a pu mobiliser ce montant en l’espace de quatre mois pour bénéficier de l’électorat. Il a aussi trouvé 61 milliards pour les déguerpis Boké et de Kaléta, situés à plus de 60 km de Conakry », soulignent-ils.

Aliou BM Diallo
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