mercredi , 27 septembre 2023

Focus : M’Bemba Kéita, le passionné du livre

M’Bemba Keita aime la lecture. Né à Conakry, cet étudiant en 1ère année Sciences politiques à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, ne cache pas son amour pour la lecture. « Je suis passionné du livre parce que pour moi c’est la boussole. Certains disent que la lecture est la nourriture de l’esprit. Pour moi, le livre nous oriente », dit-il d’un ton calme et serein.

 

Détendu, gai et courtois, M’Bemba Kéita rappelle que sa passion pour  la lecture remonte à son enfance. « Lorsque je lisais le livre Mamadou et Binéta et bien d’autres, je tirais toujours quelque chose de bénéfique », se souvient-il. « Quand on lit, on est orienté et informé des sujets d’actualité de son pays, mais aussi d’ailleurs ».

A 22 ans, originaire de Dabola, M’Bemba Kéita est le symbole de ce petit nombre de jeunes guinéens qui s’intéressent aujourd’hui à la lecture. Il partage son temps entre le campus universitaire, le domicile parental, les bibliothèques et les réunions d’associations.


Premier essai

En plus de sa passion pour la lecture, le jeune-homme veut être lu. Il pense déjà à la rédaction d’un livre. Il a assisté aux cinq dernières éditions du Concours du meilleur jeune écrivain de Guinée organisé par la maison d’édition Harmattan-Guinée. Cette année, il entend participer en tant que candidat. « Je m’apprête. Je prépare déjà un texte et c’est la première fois que je postule à ce concours », révèle-t-il.

Le jeune-homme croit fermement que tout passe par le livre. Son ambition est de contribuer à donner au livre la place qu’il mérite dans le débat socioculturel en Guinée. Son domaine de prédilection en matière d’écriture est la politique, le fonctionnement des partis politiques et l’organisation des élections dans son pays.

Existe-t-il un paradoxe entre son cursus universitaire et son ambition littéraire ? La question lui enlève un sourire. M’Bemba Kéita ne voit pas un paradoxe entre étudier les Sciences politiques et embrasser la littérature. « On peut être économiste ou minier et s’intéresser à la littérature. Ce n’est pas un problème ça », se défend-t-il. « Il n’est pas dit qu’il faut forcément faire la littérature pour écrire. Non !’’, balaie-t-il d’un revers de la main.

Féru du livre, le jeune Kéita apprécie les espaces déjà crées en Guinée pour permettre aux écrivains de se retrouver et célébrer leurs œuvres. Il apprécie les 72 h du livre, organisées par Harmattan-Guinée. Mais il trouve cet évènement de trois jours « insuffisant » eu égard au défis à surmonter.

Il prône la création d’associations et des ONG ainsi que l’initiation des projets de conférences pour promouvoir le livre. « Pas de livre, pas de formation ! Mon ambition est que le livre ait sa place en Guinée ».

Association littéraire

Aîné d’une famille de cinq enfants,  M’Bemba Keita préside déjà une association dénommée le « Bloc des amis du livre – BAL-« . Cette organisation littéraire regroupe une trentaine de membres tous des élèves, étudiants et diplômés. Elle se fixe pour objectif principal  de promouvoir le livre et les écrivains Guinéens dans les milieux scolaires et universitaires.

La Jeune association, créée en juin 2013, entend organiser une campagne de sensibilisation à travers des conférences dans différents établissements scolaires et universitaires de la capitale. Le lancement de la campagne a eu lieu 8 février à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Au total, 15 conférences sont prévues. Elles seront animées par des écrivains guinéens. Le but étant de les rendre plus accessibles. « Les semaines du livre guinéen se tiendront sous le thème : la Guinée a sa littérature », indique le président du BAL. Le titre est évocateur et plein de défis. Car comme la littérature française ou russe, l’ONG entend démontrer que la Guinée-Conakry dispose de sa littérature.

Faute de moyens, l’ONG de monsiieur M’Bemba Kéita concentre ses activités à Conakry dans un premier temps. Mais elle compte les étendre aux villes de l’intérieur les années à venir. « Nous allons implanter d’autres antennes dans les capitales régionales pour inciter les élèves à avoir le goût de la lecture ».

Pour mettre en œuvre ce programme, le Bloc des amis du livre compte sur l’accompagnement du ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, l’Harmattan Guinée, les Éditions Gandhal, le Comité des écrivains de Guinée, entre autres.

 

« Les jeunes doivent lire »

A son jeune âge, M’Bemba Kéita, a déjà lu beaucoup de livres. De « L’Enfant Noir » de Camara Laye, à une « Saison au Congo » d’Aimé César, en passant par « Batouala » de Réné Maran, et « Le Pince » de Nicolas Machiavel, les livres déjà à son compteur sont nombreux. Mais de tous les ouvrages lus, il a une préférence pour un seul. « Guinée sous les verrous de la révolution » de l’auteur Lamine Camara « Capi ». « J’ai lu pas mal de livres. Je ne l’ai pas choisi parce que c’est un Guinéen. Mais à cause de son style et de l’histoire qu’il raconte », dit-il avec modestie.

Kéita rêvait de devenir un grand footballeur. Mais passé ce rêve d’adolescent, il se concentre sur ses études et le livre. Il est un fervent supporteur  du Réal Madrid et naturellement le Syli national de sa Guinée natale. Il se souvient. « Lorsqu’on jouait au football au début, on voulait être comme Ronaldo et tant d’autres. Aujourd’hui, je regarde les grands matchs, mais pratiquer le football, c’est autre chose. Moi j’ai trouvé que mon avenir n’est pas dans le football ».

Célibataire, sans enfant, M’Bemba Kéita se croit très jeune d’abord. Il dit avoir la vie devant lui. « Je me marierai le moment venu », lâche-t-il, le sourire aux lèvres. Il déteste le mensonge et la désobéissance aux parents. Côté gastronomique, il raffole le « Bourèkhè bandé » (la sauce de patate) et le lakiri du Fouta Djallon.

M’Bemba Kéita croit que la couche juvénile peut être utile à la Guinée. Il déplore le manque d’intérêt pour la lecture dans son pays. Une tendance qu’il voit inversée dans un proche avenir. « Les jeunes Guinéens ne doivent pas baisser les bras. Il faut qu’ils se lèvent et se disent qu’ils peuvent apporter quelque chose à leur Nation », lance-t-il.

« Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir. Si les jeunes veulent contribuer au développement de la Guinée, ils ont intérêt à s’adonner à la lecture parce que tout part de là. La lecture est la nourriture de l’esprit et le livre est la boussole. Un pays qui veut avancer ne pourra jamais entamer son processus de développement en ignorant l’éducation. Et on ne peut parler d’éducation sans parler de lecture. Les livres sont chers, me dira-t-on, mais il existe des points de lecture où les livres sont moins chers ».

Aliou BM Diallo et Zézé Enema Guilavogui
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