
Selon le document de 318 pages dont deux sont consacrées à la Guinée, le pays constitue l’une des plaques tournantes du trafic de drogue à travers le monde.
Le rapport révèle que le trafic de drogue a augmenté depuis l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé en 2010, alors qu’il avait baissé entre 2008 et 2009 suite à des actions engagées par le Secrétariat chargé de la lutte contre la drogue et le grand banditisme. « La Guinée constitue un point de départ pour la cocaïne et l’héroïne en transbordement », indique le rapport du Bureau international du contrôle des stupéfiants.
Il soutient que durant l’année 2012, au moins, un ou deux avions atterrissaient tous les mois en Guinée avec à leur bord de la cocaïne en provenance d’Amérique latine. Ce, pour approvisionner le marché européen, les États-Unis, et l’Asie de l’Est. « La demande locale est la marijuana, qui est principalement importée de la Sierra Leone », précise-t-il.
S’appuyant sur des témoignages collectés en Guinée, notre source rapporte que des avions transportant des drogues illégales ont atterris à l’aéroport international de Conakry, ainsi que celui de Dinguiraye, (préfecture située au centre nord de la Guinée, ndlr).
Le rapport de stratégie dont Kaloumpresse.com détient une copie indique aussi que la récente crise politique en Guinée-Bissau a contribué à cette situation, en créant un environnement »permissif » pour le trafic de stupéfiants en Guinée.
Aujourd’hui, déplore-t-il, malgré la mise en place de l’Office centrale de lutte contre la drogue et le crime organisé (OCAD), l’organisation face à la résistance croissante des trafiquants puissants en garde à vue et de hauts fonctionnaires impliqués dans le trafic de drogue, les attaques politiques contre la direction de l’OCAD ont eu un effet néfaste sur la performance de l’organisation de l’office anti-drogue.
Autres causes qui accentuent le trafic des stupéfiants citées dans le document, il y a la corruption généralisée, entretenue par la police de l’air et des frontières, les agents aux points de contrôles, les autorités impliquées dans la délivrance des documents officiels, les agents des postes frontaliers, et les autorités portuaires qui exigent toujours des pots-de-vin.
Pour l’heure, le gouvernement guinéen, ne disposant pas des chiffres exacts sur le trafic des stupéfiants, rend difficiles les estimations.
Par ailleurs, le Département d’Etat américain signale que la Guinée et ses voisins »n’ont pas une forte coopération bilatérale pour lutter contre le commerce illégal de la drogue même si la France a accepté de financer l’initiative à hauteur de 2,05 millions de dollars.
Les États-Unis eux, reconnaissent avoir eu une participation limitée dans les activités de lutte contre la drogue en Guinée, parce que, justifie le document, le chef de l’agence antidrogue, le Colonel Moussa Tiégboro Camara, est recherché pour interrogatoire par la Cour pénale internationale au sujet des violences du 28 septembre 2009.
Le gouvernement guinéen n’était pas immédiatement disponible pour un commentaire. C’est donc dire que nous reviendrons sur ce dossier.
Mais en juin, le président Alpha Condé confiait que les puissants cartels de drogue latino-américains étaient à la recherche de narco-Etats en Afrique de l’Ouest depuis l’intervention française au Mali. « Le trafic de drogue n’est pas tout à fait institutionnalisé comme il l’était auparavant, mais les conditions de nos populations qui vivent dans la pauvreté pourraient être une tentation pour certaines personnes », avait-il dit dans un entretien accordé au journal britannique « The Daily Telegraph ».
Aliou BM Diallo
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