
Premier enfant d’une personnalité connue de la ville à être tué dans ces circonstances, il se trouvait à bord d’une Twingo quand il a été pris pour cible par deux individus circulant sur une moto de grosse cylindrée, qui l’ont mitraillé à bout portant.
L’homme a été touché à la tête et à la carotide, et des étuis de calibre 11,43mm et 9 mm ont été retrouvés sur place, selon une source proche de l’enquête.
Adrien Anigo, âgé de près de 30 ans, avait été écroué en mars 2007 pour sa participation présumée à plusieurs vols à main armée de bijouteries. Il était soupçonné d’être impliqué dans douze vols à main armée commis en 2006 et 2007 notamment dans les Bouches-du-Rhône et à Nîmes (Gard), pour un préjudice global estimé à 1,5 million d’euros.
Il avait été remis en liberté début 2010 à la faveur d’une erreur de procédure et devait être renvoyé prochainement devant les assises. Un de ses complices, Alexandre Distanti, avait été tué par la police espagnole à l’âge de 30 ans à Alicante, en Espagne en octobre 2011.
Le père da la victime, José Anigo, 52 ans, a lui-même une réputation sulfureuse. On le dit proche de certains membres du milieu marseillais. Il serait en particulier lié à Richard Deruda, un Marseillais fiché au grand banditisme qu’il a fréquenté à l’école, et dont le fils a été professionnel à l’OM.
José Anigo a fait l’essentiel de sa carrière à Marseille d’abord en tant que joueur (1979-1987), puis comme entraîneur à deux reprises, avant de devenir directeur sportif en charge du recrutement. Il s’enorgueillit d’avoir fait venir des joueurs alors peu cotés et qui ont pris leur essor à Marseille, comme Franck Ribéry et Mathieu Valbuena.
Quinze assassinats depuis le début de l’année
« La rue a aspiré mon fils, mais ça ne concerne que la justice », confiait-il au Journal du Dimanche fin 2011, soulignant que son autre fils est employé dans la police municipale. Adrien, père de deux enfants, avait tenu par le passé un magasin de sport. Un de ses proches, interrogé par l’AFP, l’a décrit comme « sympathique et proche de sa famille ». « Il avait eu des histoires de justice, mais il était rangé de tout ça », a-t-il ajouté.
Avant l’homicide d’Adrien Anigo, un autre règlement de comptes a eu lieu à l’aube à une vingtaine de km de la cité phocéenne, à La Ciotat (Bouches-du-Rhône). Vers 05H30, Kevin El Malki, 24 ans, allait prendre son service dans l’entrepôt d’Urbaser, une société qui assure la collecte des déchets ménagers pour le compte de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, lorsqu’il est tombé nez à nez avec quatre individus cagoulés et lourdement armés qui l’attendaient dans un véhicule, selon le parquet.
Il a été atteint par un premier tir dans le dos, puis percuté par le véhicule de ses agresseurs, qui l’ont poursuivi jusqu’à l’entrée de l’entrepôt où il a été abattu d’une dizaine de tirs d’une arme de 9 mm, probablement un pistolet automatique, et d’un fusil à pompe de calibre 12.
Le sénateur-maire UMP, Jean-Claude Gaudin, a adressé ses « plus sincères condoléances à M. Anigo ». « Cet après-midi (jeudi), au cours d’un échange téléphonique, le ministre de l’Intérieur m’a confirmé que la priorité de l’action de la Police nationale doit être donnée à la lutte contre les trafics de drogue, à l’origine de cette +guerre des cités+ », a ajouté le maire, ajoutant que « tous ceux qui aiment cette ville doivent prendre leurs responsabilités et unir leurs efforts ».
« On ne lâche rien », a-t-on assuré à la préfecture de police, rappelant les opérations de police menées depuis des mois dans les cités, comme celle de la Cayolle ce jeudi. Selon cette source, le taux d’élucidation des règlements de comptes est de 40% et les efforts portent aussi sur la résolution des enquêtes.
Depuis le début de l’année, 15 personnes sont mortes dans des règlements de comptes à Marseille dans sa région. Outre ces meurtres en série, plusieurs affaires récentes de violences ont démontré que de nombreuses armes sont en circulation dans la région. Dimanche, une fusillade à l’arme de guerre a fait trois blessés dans le centre de Marseille après une altercation dans une boîte de nuit.
Le 20 août, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault était venu à Marseille pour annoncer le renforcement des effectifs de la police judiciaire marseillaise, qui enquête sur ces affaires, par 24 fonctionnaires supplémentaires.
AFP