mercredi , 22 mars 2023

Sommet Obama-Poutine annulé: les relations russo-américaines au plus bas

Les relations entre la Russie et les Etats-Unis sont à nouveau au plus bas après le refus du président américain Barack Obama de rencontrer Vladimir Poutine à Moscou, en raison de nombreux différends parmi lesquels l’affaire Snowden.

L’annulation d’un sommet entre deux chefs d’Etat est un fait sans précédent dans les relations russo-américaines depuis la guerre froide, et ce geste pourrait être considéré par le Kremlin comme un manque de respect à l’égard du président russe Vladimir Poutine dans un pays très attaché aux protocoles.

Barack Obama n’a en revanche pas remis en cause sa participation au G20 les 5 et 6 septembre à Saint-Petersbourg, avant lequel il prévoyait initialement de se rendre à Moscou pour y rencontrer en tête-à-tête Vladimir Poutine.

La Maison Blanche a cité le « manque de progrès » sur nombre de questions telles la défense antimissile, la prolifération nucléaire, le commerce et les droits de l’homme pour justifier l’annulation du sommet.

« Tous les signes montrent que les relations entre Washington et Moscou tendent vers un sérieux refroidissement », a déclaré à l’AFP l’analyste russe du Centre Carnegie, Lilia Chevtsova.

« Il y a trop de questions pour lesquelles les Etats-Unis et la Russie n’arrivent même pas à trouver le moindre des rapprochements », a-t-elle ajouté.

Asile temporaire pour Snowden

L’annulation du sommet Obama-Poutine par Washington intervient une semaine après que Moscou a accordé un asile temporaire d’un an au fugitif américain Edward Snowden, ancien analyste qui a révélé l’ampleur du programme de surveillance des communications électroniques par le renseignement de son pays.

Mais l’affaire Snowden n’est que l’un des différends de la longue liste de désaccords qui se sont accumulés entre les Etats-Unis et la Russie depuis le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en mai 2012 pour un troisième mandat de président après ceux de 2000-2008 et un intermède de quatre ans comme Premier ministre.

« L’affaire Snowden est simplement un prétexte pour annuler la visite » d’Obama à Moscou, relève le quotidien russe Kommersant de jeudi, citant une source au Kremlin.

« Les Américains évitent les négociations importantes. Leur attitude aura inévitablement des conséquences politiques », a ajouté cette source.

En moins d’un an, la Russie a interdit aux familles américaines d’adopter des enfants russes, obligé les ONG recevant des financements étrangers de s’enregistrer comme « agents de l’étranger », et adopté une législation sanctionnant la « propagande homosexuelle » devant mineurs de peines de prison.

Sur la scène internationale, la Russie et les Etats-Unis ont des positions très éloignées concernant notamment la Syrie, Moscou refusant de cesser sa coopération avec le régime de Bachar al-Assad vivement critiqué par les Occidentaux et les ONG de défense des droits de l’homme.

« Toutes ces questions ont compliqué les relations russo-américaines à tel point que Poutine et Obama n’auraient rien à se dire à une rencontre bilatérale », estime Mme Chevtsova.

Les Etats-Unis sont particulièrement irrités de n’avoir reçu aucune réponse constructive de la Russie aux propositions de M. Obama pour un nouveau round de négociations sur les réductions d’armements, une priorité pour le président américain, selon une source proche du dossier.

En conséquence, Barack Obama pourrait accorder moins d’intérêt dans les relations avec la Russie pour le reste de son second mandat qui s’achèvera en 2017, selon cette source.

Les Etats-Unis n’ont jusqu’ici pas émis le souhait d’organiser une rencontre Obama-Poutine en marge du G20 à Saint-Pétersbourg.

« Une rencontre entre les deux présidents aurait pu avoir des résultats », a toutefois estimé Alexeï Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères de la chambre basse du Parlement russe (Douma).

L’annonce le 1er août par la Russie qu’elle accordait l’asile politique temporaire à Edward Snowden après plus de cinq semaines passées dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou-Cheremetievo a été particulièrement irritante pour Washington qui n’a pas été préalablement informé, selon une source proche du dossier.

Les chefs du FBI Robert Mueller et celui du Service fédéral de sécurité russe (FSB) Mikhaïl Bortnikov avaient pourtant étroitement coopéré sur ce dossier à la demande des deux présidents.

afp