
Tout a commencé ce jeudi 23 mai aux environs de 12h. En pleine démonstration de force lorsqu’ils tentaient de rallier l’autoroute Fidel Castro, en empruntant la transversale T2, les manifestants de l’opposition radicale se heurtent à un mur infranchissable formé par les forces de sécurité. Celles-ci utilisent des bombes lacrymogènes pour disperser les opposants au régime de Conakry qui veulent vaille que vaille battre le pavé sur l’autoroute Castro. Devant la ténacité des agents des forces de l’ordre, les leaders décident de replier. Mais pas dans la sérénité et dans l’ordre. Chacun cherche à emprunter le chemin qu’il peut.
Les militants qui ont compris le plan de fuite de leurs mentors s’opposent. Pas question de quitter le navire en ce moment, disent-ils. Tués, brutalisés au cours des manifestations antérieurs, pendant que leurs leaders sont confortablement installés dans des voitures climatisées, les manifestations décident de contraindre les chefs de partis à vivre le même cauchemar qu’ils connaissent depuis des mois.
Finalement, et avec beaucoup de chance, les leaders qualifiés par les protestataires de « peureux » et de « traitres » réussiront à prendre la poudre d’escampette.
Dans ce sauve-qui-peut, Mouctar Diallo des Nouvelles Forces Démocratiques utilisera le terrain, comme on le dit à Conakry, pour se retrouver à Cosa. « Nous avons été agressés par des loubards, des extrémistes, des gendarmes et policiers d’Alpha Condé », confie-t-il avant de reconnaître la déception des jeunes manifestants. « Il y avait au moins un million de militants qui respectaient la loi. Je comprends les jeunes. Ils sont frustrés du fait que les leaders n’ont pas résisté. Je comprends leur bravoure », confiera-t-il à la Radio Horizon FM.
Ce qui n’est pas de l’avis d’autres barons de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et du RDIG de Jean-Marc Telliano qui soutiennent mordicus avoir été pris à partie par des assaillants infiltrés par le pouvoir.
Le gouvernement pour sa part a confirmé la scène, précisant que les leaders des partis doivent la vie sauve aux forces de l’ordre déployés, urgemment, pour les protéger et sécuriser leurs biens. « Lors de leur marche de ce jour, les militants du Collectif de l’opposition s’en sont pris aux forces de l’ordre, aux populations et aux symboles de l’Etat. Ces manifestants surexcités, désireux de rejoindre coûte que coûte l’autoroute Fidel Castro en violation de l’itinéraire autorisé, ont pris à partie leurs propres leaders politiques », selon le porte-parole du gouvernement, Damantang Albert Camara.
Après cette révolte interne qui ressemble de peu à un acte d’exaspération, les militants vont-ils exiger très prochainement des leaders la présence de leurs enfants dans les cortèges des marcheurs ? Wait and see.
Fatoumata Kéita
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