
Ceux qui avaient jubilé quand le pouvoir et la fraction dure de l’opposition ont pondu un appel à la non violence ont vite déchanté. La première marche qui a suivi leur a fait tomber les écailles des yeux. Dans un brouillard fait de ces gaz qui titillent les glandes lacrymales, les hommes de Maramany (le ministron qui trône à la Sécurité) ont pu s’exercer, grandeur nature, à l’usage de leur nouvelle arme conventionnelle : le jet d’eau chaude, à partir d’une citerne, pour refroidir l’ardeur des manifestants les plus chauds. Avec le cynisme ambiant, il se pourrait que l’on assiste prochainement à la création d’une brigade cynophile, histoire pour certains de vivre en live des scènes où l’on verrait de féroces dobermans mordre dans les fesses de quelques protestataires. Les beaux discours sur la paix et les vertus du dialogue, ou encore les promesses de lutter contre les violences peuvent attendre.
Cela promet ce jeudi encore.
Même si l’épouvantail que représentait la marche, avec le souhait qu’elle soit le moins pacifique possible de la part des organisateurs (sinon quelle pression sur le pouvoir ?), a tendance à se banaliser. Tel un épouvantail qui ne fait plus peur aux oiseaux et aux enfants maraudeurs. D’où les craintes justement de voir ce jeudi, Cellou Dalein Diallo et ses pairs de l’opposition s’engager, de toutes leurs forces, pour faire plier le pouvoir ou le pousser à la faute, à travers par exemple de ‘’bavures’’ dont se rendraient coupables les forces de maintien d’ordre.
Ainsi continue la vie dans le pays : accusant Alpha Condé et son gouvernement de ne pas faire marcher le pays à l’endroit, les leaders de l’opposition, dont certains font partie de ceux-là qui l’ont fait marcher sur la tête durant de longues années, n’entendent pas abandonner l’activité qu’ils semble maitriser le mieux : empêcher de tourner en rond ! Tout le monde parle de paix, de dialogue mais avec un regard aussi ardent qu’un chalumeau.
Pendant ce temps les appréhensions, les cris de détresse du Guinéen ordinaire laissent de marbre les acteurs politiques, trop préoccupés à se faire la peau dans une arène où tous les coups sont permis.
En avant, marche (si au moins on savait où on allait) !