
Du 21 au 23 mars derniers, la Guinée, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau ont lancé une opération conjointe baptisée « Scorpion ». Sa mission, contrecarrer l’action des navires de pêche illégale et assurer une présence dissuasive. En clair, il fallait contrôler tous les navires de pêche industrielle en mer pendant l’opération, arraisonner et escorter ceux qui ne sont pas règle, vers le port le plus proche. Au total quatre vedettes ont été mises à contribution. La Guinée qui fait office de « puissance » dans le groupe a participé à l’opération avec deux navettes. Tandis que la Sierra Leone et la Guinée-Bissau ont déployé chacune une navette de surveillance. Pour des besoins de discrétion, une partie importante de l’opération se déroulait la nuit.
Bilan
Le bilan s’est avéré encourageant. Au total, 20 navires, 23 navires de pêche artisanale (pirogue, NDLR) ont été inspectés par les patrouilleurs des trois pays. Les Guinéens ont pu arraisonner un chalutier consigné par la société Tchangui-Pêche pour « maillage non conforme, camouflage de marquage, capture d’espèces interdites et pêche sans licence ». Les patrouilleurs de la Guinée-Bissau de leur côté ont arraisonné 5 pirogues, « prises en flagrant délit de pêche non autorisée ». La Sierra Léone n’a pu arraisonné un navire. Sa navette, moins puissante, ne pouvait aller très loin des côtes, zones de prédilection des pêcheurs frauduleux.
Passée « Scorpion », les techniciens de pêche des trois pays, et quelques officiers de la marine guinéennes, sous la coordination de la Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP), étaient, lundi 29 avril, à Conakry tirer les leçons de ce travail conjoint.
Tous sont unanimes que les cinq jours de patrouille ont dissuadé les pêcheurs illégaux. Pour Ba Babacar, Chef du département Suivi-Contrôle-Surveillance de l’aménagement des pêches de la Commission Sous-Régionale des Pêches, la présence permanente en mer a eu un avantage financier important mais surtout un repos biologique forcé qui permet le renouvellement des ressources halieutiques. « Sans une grande préparation, on a réussi à avoir un résultat appréciable. Car si on prend les poissons que nos populations doivent manger ça nous pose problème », ajoute M. Ba. L’opération a aussi permis le renforcement des échanges d’informations entre les Etats et la disponibilité de la liste des navires autorisés à pêcher.
Des difficultés quand même…
Les équipes des trois pays se sont heurtées aux mêmes difficultés, ou presque. Fables autonomie des navettes, difficultés de liaisons radios, poussant parfois à l’usage des téléphones portables et messageries électroniques, ainsi des difficultés pour aborder les navires. A cela, s’ajoute la non-conformité des législations face à la gestion des infractions. Moussa Kabassan Kéita, directeur général du CNSP (Centre National de Surveillance et de Protection des Pêches de Guinée) cite en guise d’exemple la désuetude du Code de la pêche maritime guinéen qui ne prévoit pas les amendes en fonction des degrés de sanction.
Les techniciens conviennent de renforcer les moyens de communication et les salles de surveillances des navires dans les différents pays. Ils réitèrent, enfin, la nécessité de poursuivre les échanges de donnés afin de mieux faire face à « l’ennemi commun ».
L’opération « Scorpion » a été lancée à Banjul, en Gambie par le ministre Guinéen de la Pêche et de l’Aquaculture, Moussa Tata Vieux Condé.
D’autres opérations similaires sont prévues dans les semaines prochaines. Pas date. Les opérations doivent sedérouler dans la plus grande discrétion pour mieux surprendre les pêcheurs illégaux. « Si nous divulguons nos dates, les navires de pêche illégales prendront des dispositions, ce qui n’est pas bon pour nous », fulmine une source qui participe à l’opération.
Elie Ougna
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