
Dans sa progression vers Bangui, la coalition Séléka n’a rencontré aucune résistance farouche de la part des forces armées centrafricaines qui avaient, selon les informations en notre possession, reçu des consignes fermes émanant de leur hiérarchie militaire de ne pas combattre parce que peu équipées.
En effet, dés l’instant où Bozizé a appris que la coalition rebelle avait franchi la ligne rouge fixée par les troupes de la FOMAC à 75Km de Bangui, dans la localité de Damara, le désormais ex président Centrafricain a compris que ses heures étaient comptées. .Il contacte un de ses «amis» Sud Africains le vendredi 22 mars dans la mi journée. Lequel ami lui affrète un avion l’enjoignant de venir à Pretoria rencontrer Jacob Zuma pour solliciter un soutien militaire conséquent. Rappelons que l’Afrique du Sud dispose de 400 soldats stationnés a Bangui dans la cadre d’un accord bilatéral entre les deux chefs d’Etat. Cette fois-ci Jaco Zuma hésite puis entre en contact avec le président congolais Denis Sassou Nguesso et tchadien, Idriss Deby. Tous les deux chefs d’Etat contactés ne semblaient pas particulièrement préoccupés par le sort personnel d’un Bozizé qui n’écoutait plus personne.
Bozizé déplore l’attitude de Sassou,Deby et Ali Bongo, pensant que ses pairs roulaient pour la rébellion Seleka. Lâche par tous, le Général tente un coup de force en saisissant le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine afin que cette instance confie la médiation à Jacob Zuma. Sans succès. Bozizé quitte Zuma bredouille et rentre immédiatement à Bangui pour contrer l’offensive rebelle. Il tente en vain de joindre Sassou Nguesso qui préparait une réunion dans son village à Oyo entre Kabila de la RDC, Musseveni de l’Ouganda et Kagamé du Rwanda.
François Bozizé demande ensuite la position de son chef d’état major qui lui répond que la situation était très préoccupante. Il fera évacuer une partie de sa famille dans la soirée du vendredi. Le samedi, il tente de réorganiser la défense de Bangui autour de sa garde présidentielle, sans succès. Puis, il reçoit un appel de Zuma lui demandant de se mettre à l’abri à l’Ambassade d’Afrique du sud. Les Afriques tentera dans la même nuit de samedi de joindre son fils, Scorâtes Bozizé, qui nous répondra lapidairement que la situation est compliquée. «Le vieux est encore à Bangui ». Puis, il coupe l’appel.
Depuis l’appel de Zuma, Bozizé a compris qu’il était entrain de passer ses dernières heures à la tête de la Centrafrique. Un roi nu qui ne comptait plus aucun soutien régional. Putschiste en son temps, il s’est rappelé sûrement de la manière avec laquelle son prédécesseur, Ange Felix Patassé, avait été lâché. Il faut partir, mais où et comment ? Non, il ne veut pas prendre le risque de se rendre a l’aéroport de Bangui protégé par les Français. Et, de l’autre côté de la rive du fleuve Oubangui, il a un précédent avec les hommes de Jean Pierre Mbemba intégré dans les FARDC. Il décide enfin dans la nuit de samedi à dimanche de prendre la route de l’ambassade de l’Afrique du sud sous escorte de l’armée sud Africaine qui sécurise les lieux et procède à son exfiltration de la ville vers Gbadolite (village natal de Mobutu Sese Seko) dans la journée de dimanche entre 10heures et 11heures Gmt où se trouvait déjà une partie de sa cour après avoir obtenu les assurances de Zuma et Musseveni. Ce sont ces deux chefs qui ont pris le soin de saisir Kabila de l’arrivée d’un invité encombrant. Le président centrafricain, dont le départ a été confirmé par Paris dimanche, s’est enfui en République démocratique du Congo (RDC) alors que les rebelles s’emparaient de Bangui, a affirmé un de ses conseillers. La RDC a sollicité l’aide du Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) pour transporter la famille du président centrafricain François Bozizé, a indiqué un représentant des Nations unies.
Paris a pris note
Paris a pris note du départ du président Bozizé.’Dans ces circonstances, nous appelons toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue, a déclaré un porte-parole du Quai d’Orsay. Selon lui, des pillages sont signalés à Bangui.
Par ailleurs, lorsque la SELEKA entra, samedi, dans Bangui, la capitale centrafricaine était plongée dans le noir. Il est vrai que les problèmes d’électricité sont récurrents dans l’ensemble du pays, et les délestages sont quasi-quotidiens. Néanmoins, pour la nuit de samedi, ce délestage serait volontaire. Ce serait, selon certains observateurs, la dernière voltige du pouvoir, pour mieux s’enfuir. Dans tous les quartiers de la capitale, du PK12 au Km5, en passant par Lakouanga et les divers Sika, les témoins affirment qu’une grande partie de la population dans ces quartiers les ont accueillis en libérateurs.
Il y a vacance de pouvoir. De ce fait, l’actuel Premier ministre Nicolas Tiangaye, figure de l’opposition au président François Bozizé et issu du Gouvernement de transition, suite aux accords de Libreville, a lancé un ultime appel à négocier «pour éviter un bain de sang» dans la capitale centrafricaine. Les rebelles de la coalition Séléka ont refusé de négocier avec Bozizé. Et pour cause. Ne comptant que sur ses voisins, la France l’ayant abandonné, François Bozizé hélas, n’a jamais respecté un seul accord.Intégrer des éléments de la coalition Séléka et libérer des prisonniers politiques lui était insupportable. L’ex président paye cette raideur au prix lourd alors qu’il était prévu qu’il reste au pouvoir jusqu’en 2016.
Les Afriques