
Les proches de l’otage n’en ont pas eu confirmation par le Quai d’Orsay, qui les a incités à prendre cette information avec « réserve », a indiqué mercredi le comité de soutien de Philippe Verdon et Serge Lazarevic. « Le Quai [d’Orsay] a fait un travail pédagogique en prévenant les familles à 1 heure du matin de la diffusion d’un communiqué. Ils ont dit à la famille de le prendre avec beaucoup de réserve. Rien n’est confirmé », a déclaré Pascal Lupart, président du comité de soutien, à l’Agence France-Presse . « Ils ont appelé » les proches de Serge Lazarevic pour les « rassurer » et leur dire que celui-ci « n’était pas concerné » par cette information. « La position du Quai d’Orsay est honnête », a-t-il encore dit.
Le père de Philippe Verdon a de son côté indiqué ne se faire « aucune illusion » sur le sort de son fils. « Je suis très affecté, très fatigué », a déclaré dans un bref entretien téléphonique à l’AFP Jean-Pierre Verdon. « Je ne me fais aucune illusion, mais j’attends confirmation [de la mauvaise nouvelle] » , a-t-il ajouté. « Je ne suis vraiment pas en état de m’exprimer », a encore déclaré M. Verdon. Un conseil de défense restreint se tiendra en fin de matinée à l’Elysée.
LE QUAI D’ORSAY NE CONFIRME PAS
Philippe Verdon a été enlevé dans la nuit du 24 novembre 2011 à Hombori, dans le nord du Mali, en même temps que Serge Lazarevic. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Philippe Lalliot, a déclaré que les services du ministère vérifiaient l’information. « Nous n’en savons pas plus pour le moment », a-t-il indiqué.
Pascal Lupart confiait au Monde le 4 mars sa crainte que les otages ne se retrouvent entre les mains de « seconds couteaux » et soient exécutés. « C’est une angoisse permanente », disait-il, en référence au risque de représailles pour venger la mort d’un des chefs d’AQMI, Abou Zeid.
L’armée française est engagée depuis le 11 janvier dans une opération militaire, en appui à l’armée malienne, contre les groupes islamistes armés, dont AQMI, qui occupaient le Nord malien depuis l’an dernier. Les troupes franco-africaines ont rapidement repris les grandes villes de la zone, et les combats se concentrent désormais dans l’extrême Nord-Est, dans le massif des Ifoghas, entre soldats français et tchadiens d’un côté, et djihadistes de l’autre.
« ON NE NOUS DIT RIEN »
De plus en plus inquiètes, les familles des otages ne cessent de réclamer des informations. « On ne nous dit rien, côté français, on ne dit rien, les djihadistes ne parlent pas non plus, c’est-à-dire que nous sommes dans un brouillard total, et c’est insupportable à vivre », regrettait ainsi Jean-Pierre Verdon, le père de Philippe Verdon, mardi sur la radio française RTL.
Selon des informations du Monde, la présidence française refuse désormais de verser des rançons à des organisations contre lesquelles elle est « en guerre ». Quinze Français, y compris Philippe Verdon, dont la mort reste à confirmer, sont otages dans le monde. Tous en Afrique.
L’interlocuteur de l’agence ANI s’est refusé à confirmer ou infirmer la mort, annoncée au début de mars par N’Djamena, d’un des principaux chefs du groupe islamiste, l’Algérien Abdelhamid Abou Zeid – mort jugée « probable » par Paris –, et d’un autre responsable, Mokthar Belmokhtar. « Le président français [François] Hollande est responsable de la vie des autres otages français », a menacé le porte-parole d’AQMI.
Le Monde