samedi , 1 avril 2023

AQMI annonce avoir exécuté un otage français au Mali, Paris ne confirme pas

Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) affirme avoir exécuté l’otage Philippe Verdon en représailles à l’intervention française au Mali, selon l’agence de presse mauritanienne ANI (Agence Nouakchott d’information), qui entretient des contacts étroits avec les activistes islamistes. Lors d’un appel téléphonique un dénommé « Al-Qairawani », se présentant comme un porte-parole d’AQMI, aurait précisé que le Français, qualifié d' »espion », avait été décapité le 10 mars.

Les proches de l’otage n’en ont pas eu confirmation par le Quai d’Orsay, qui les a incités à prendre cette information avec « réserve », a indiqué mercredi le comité de soutien de Philippe Verdon et Serge Lazarevic. « Le Quai [d’Orsay] a fait un travail pédagogique en prévenant les familles à 1 heure du matin de la diffusion d’un communiqué. Ils ont dit à la famille de le prendre avec beaucoup de réserve. Rien n’est confirmé », a déclaré Pascal Lupart, président du comité de soutien, à l’Agence France-Presse . « Ils ont appelé » les proches de Serge Lazarevic pour les « rassurer » et leur dire que celui-ci « n’était pas concerné » par cette information. « La position du Quai d’Orsay est honnête », a-t-il encore dit.

Le père de Philippe Verdon a de son côté indiqué ne se faire « aucune illusion » sur le sort de son fils. « Je suis très affecté, très fatigué », a déclaré dans un bref entretien téléphonique à l’AFP Jean-Pierre Verdon. « Je ne me fais aucune illusion, mais j’attends confirmation [de la mauvaise nouvelle] » , a-t-il ajouté. « Je ne suis vraiment pas en état de m’exprimer », a encore déclaré M. Verdon. Un conseil de défense restreint se tiendra en fin de matinée à l’Elysée.

LE QUAI D’ORSAY NE CONFIRME PAS

Philippe Verdon a été enlevé dans la nuit du 24 novembre 2011 à Hombori, dans le nord du Mali, en même temps que Serge Lazarevic. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Philippe Lalliot, a déclaré que les services du ministère vérifiaient l’information. « Nous n’en savons pas plus pour le moment », a-t-il indiqué.

Pascal Lupart confiait au Monde le 4 mars sa crainte que les otages ne se retrouvent entre les mains de « seconds couteaux » et soient exécutés. « C’est une angoisse permanente », disait-il, en référence au risque de représailles pour venger la mort d’un des chefs d’AQMI, Abou Zeid.

L’armée française est engagée depuis le 11 janvier dans une opération militaire, en appui à l’armée malienne, contre les groupes islamistes armés, dont AQMI, qui occupaient le Nord malien depuis l’an dernier. Les troupes franco-africaines ont rapidement repris les grandes villes de la zone, et les combats se concentrent désormais dans l’extrême Nord-Est, dans le massif des Ifoghas, entre soldats français et tchadiens d’un côté, et djihadistes de l’autre.

« ON NE NOUS DIT RIEN »

De plus en plus inquiètes, les familles des otages ne cessent de réclamer des informations. « On ne nous dit rien, côté français, on ne dit rien, les djihadistes ne parlent pas non plus, c’est-à-dire que nous sommes dans un brouillard total, et c’est insupportable à vivre », regrettait ainsi Jean-Pierre Verdon, le père de Philippe Verdon, mardi sur la radio française RTL.

Selon des informations du Monde, la présidence française refuse désormais de verser des rançons à des organisations contre lesquelles elle est « en guerre ». Quinze Français, y compris Philippe Verdon, dont la mort reste à confirmer, sont otages dans le monde. Tous en Afrique.

L’interlocuteur de l’agence ANI s’est refusé à confirmer ou infirmer la mort, annoncée au début de mars par N’Djamena, d’un des principaux chefs du groupe islamiste, l’Algérien Abdelhamid Abou Zeid – mort jugée « probable » par Paris –, et d’un autre responsable, Mokthar Belmokhtar. « Le président français [François] Hollande est responsable de la vie des autres otages français », a menacé le porte-parole d’AQMI.

 


Le Monde