
Kaloumpresse.com : Bonjour madame. Nous avons appris que c’est votre mutation du poste de Proviseur du lycée Général Lansana Conté qui a mis le feu aux poudres. Confirmez-vous l’information ?
Mme Mariama Taata Bah : D’abord je vous informe que je ne suis pas mutée mais limogée de mes fonctions. On ne m’a muté nulle part. Les élèves savent pourquoi on m’a destituée de mes fonctions de proviseur. C’est la raison qui les pousse à sortir dans les rues et à manifester leur mécontentement.
Quelles sont les causes de votre limogeage ?
Les causes sont aussi simples que ce que vous pouvez imaginer. Parce les autorités préfectorales m’ont convoquée plus de 4 fois et la dernière fois, elles se sont rendues dans mon salon pour m’exiger à ce que j’adhère au RPG-Arc-en-ciel. Et comme j’ai refusé, l’Inspecteur régional a confié à ma mère que j’allais subir les conséquences de mon adhésion à l’UFDG. Il a déclaré que l’autre camp ne va me faire un cadeau. Voila en quelque sorte la cause de mon limogeage.
Vous venez de dire que vous avez été convoquée à 4 reprises par l’inspecteur régional de l’éducation. Quelles sont les motifs de ces convocations qu’on vous adressait ?
Pour la première convocation, je sortais d’une réunion. Il était 14h. Monsieur le Directeur préfectoral de l’éducation m’a transmis la commission de l’Inspecteur régional qui voulait me rencontrer. Quand j’y suis allée, celui-ci m’a dit qu’il vient de recevoir un coup de téléphone de la Présidence de la République comme quoi j’ai insulté le président de la République, le ministre de l’Enseignement pré-universitaire et son collègue de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. Il m’a conseillé d’arrêter si de telles allégations étaient vraies.
Il a ensuite dit avoir reçu un rapport des représentants de RPG Arc-en-ciel qui sont ici à Labé dans lequel on lui a demandé de m’enlever de mon poste. Et qu’en réponse il aurait dit que cela n’engage qu’eux. Mais cela ne l’a pas empêché de me créer mille et un problèmes au niveau de l’UFDG.
Et quelle a été votre réaction en apprenant tout cela ?
Je leur ai dit que c’est ne pas parce que je sers dans l’administration guinéenne que je n’ai pas droit d’adhérer à n’importe quel parti politique de mon choix. J’ai adhéré à l’UFDG, je ne vais jamais changer de position politique. Mieux, je leur ai dit que si c’est à cause de mon titre de Proviseure et de mon militantisme dans l’opposition qu’ils veulent me créer des ennuis et me mettre en mal avec les gendarmes, il vaut mieux m’enlever de ce poste parque je ne changerais pas de position.
Je n’ai pas manqué de dire que je partirais toutefois à Conakry pour dire au président de la République que ses représentants sur le terrain sont entrain de manigancer.
Quand j’ai dis cela, le DPE qui était présent m’a conseillé de rester tranquille et de résoudre le problème entre nous. Ce que j’ai refusé. Je lui ai dit qu’il me faut aller à Conakry pour ne pas perdre ma tête inutilement. C’était ma première réaction.
Entretemps, l’UFDG avait organisé une mamayah. Quand je me suis adressée aux femmes pour leur demander de soutenir le président de notre parti Elhadj Cellou Dalein Diallo. Le lendemain le DPE m’a informé qu’il aurait appris que j’ai insulté le président de la République sur les ondes de la radio ESPACE FM. Je l’ai renvoyé chercher la cassette de cette intervention supposée. Le même jour, à 17, je le vois rentrer avec l’inspecteur. Ce dernier me dit qu’il sort d’une très grande réunion avec le gouverneur et les femmes du RPG Arc-en-ciel au cours de laquelle il a été dit que j’ai insulté le président de la République. Séance tenante, il m’a demandé d’adhérer au RPG pour éviter tout problème. Le DPE a repris la même chose. Il m’a conseillé de suivre leur ligne. J’ai dis que je refusais et que je ne suivrai jamais leur ligne. Il a pris l’exemple sur Dr Saliou Bella qui a quitté l’UFDG. Je lui ai signifié que Dr Saliou Bella est Dr Saliou Bella. Ma dignité ne me permettait pas de le faire. Alors ils m’ont dit de me rendre au bureau du gouverneur le lendemain. Une fois chez le gouverneur, ce dernier m’a posé la question de savoir si effectivement j’avais insulté le président de la République. Je lui ai dit que mon éducation ne me permet pas d’insulter un chef et que je ne l’ai jamais fait. Il m’a laissé partir.
Maintenant que vous avez été limogée, êtes-vous prête à reprendre vos fonctions de proviseure si on vous le demandait ?
Je suis enseignante de profession. Je suis prête à reprendre service si on me le demande.
Quel message pouvez-vous lancer aux élèves qui protestent contre la décision de vos supérieurs hiérarchiques ?
Maintenant, je ne lance aucun message. Je garde le silence et je suis les faits. Aujourd’hui par exemple il n’y a pas eu d’études. Ils sont en train de discuter entre eux. Je ne sais pas qui et qui parce que je ne suis pas sortie de chez moi depuis ma destitution.
Propos recueillis par Sidiki Mara
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