
A 63 ans, la chef de file du Parti québécois voit enfin son rêve se réaliser. Pauline Marois devient la première femme à occuper le poste de Premier ministre au Québec mais son parti n’aura pas les coudées franches à l’Assemblée nationale.
Minoritaire, il va lui falloir gouverner sous l’oeil critique d’une forte opposition car seulement 1% des voix sépare le Parti québécois qui remporte ces élections législatives, du Parti libéral. L’effondrement de cette formation que l’on disait usée par le pouvoir et les affaires de corruption n’a donc pas eu lieu.
Le Parti québécois qui prône l’indépendance du Québec devra donc gouverner avec l’aide d’élus qui croient fermement en l’unité canadienne, comme les libéraux et la Coalition Avenir Québec, un nouveau venu sur l’échiquier politique.
Dans ces conditions, la tenue d’un référendum sur l’accession du Québec au statut de pays ne semble pas pour demain, ni après-demain. Autre dossier qui fâche, la hausse des droits d’inscription à l’université qui a mobilisé des centaines de milliers d’étudiants dans les rues ce printemps.
En campagne électorale, Pauline Marois s’était engagée à suspendre cette augmentation. Cette diplomate dans l’âme va devoir trouver des compromis entre les libéraux dans l’opposition qui vont défendre leur réforme, et les étudiants contre cette hausse. De grands moments politiques en perspective.
La fête gâchée
Il est environ minuit. La chef de file du Parti québécois (PQ) se trouve sur l’estrade d’une salle de concert branchée de Montréal, célébrant la victoire électorale de sa formation. Certaines personnes ont les larmes aux yeux: les souverainistes reviennent à la tête de la province francophone, après neuf ans d’absence.
Quand tout à coup deux hommes en costume noir, des agents de la Sûreté du Québec, la police provinciale, sautent sur la scène de la salle de concert Métropolis, attrapent Pauline Marois par les bras et la conduisent dans les coulisses. Stupeur dans la salle.
L’incompréhension est totale. Une rumeur folle commence alors à se propager dans la salle… Un responsable du Parti québécois tend son portable : un texto annonce qu’un homme a tiré des coups de feu et tenté de mettre le feu à la salle.
A l’extérieur, les troupes d’élite de la police de Montréal se déploient en grand nombre au milieu d’imposants camions de pompiers et de quelques étudiants venus rappeler à Mme Marois sa promesse d’abolir la forte hausse des frais de scolarité décrétée par le gouvernement sortant. La nouvelle Première ministre revient sur scène, convie la foule à quitter calmement la salle. Mais la fête est belle est bien gâchée.
La police a plus tard indiqué que les tirs de l’agresseur présumé avaient fait un mort, décédé sur place, et un blessé qui est dans un état grave. L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, avait pénétré dans « le vestibule arrière » du Métropolis avant de sortir et de tenter de mettre le feu à une porte, ont précisé les policiers, disant avoir retrouvé « plus d’une arme ».
Plusieurs journalistes présents racontent avoir entendu le suspect lancer en français avec un fort accent anglais : « Les Anglais se réveillent ». Avant de dire en anglais : « On va vous rendre la monnaie de la pièce ». La dirigeante indépendantiste venait de déclarer : « l’avenir du Québec, c’est de devenir un pays souverain ».
RFI