
Les Guinéens auraient dû aller aux urnes pour élire leurs députés six mois après la présidentielle. Mais malheureusement, bientôt deux ans après l’élection du Pr Alpha Condé à la magistrature suprême du pays, dans les circonstances que tout le monde connait, les législatives guinéennes se font toujours attendre. Or, la priorité des priorités aujourd’hui pour l’écrasante majorité des Guinéens et l’ensemble de la communauté internationale, c’est l’organisation de ce scrutin législatif pour doter, enfin, la Guinée d’un parlement représentatif.
Le dialogue politique inclusif censé aplanir les divergences politiques s’est soldé par un échec cuisant. Pour aller aux législatives, la mouvance présidentielle, pour des raisons qui lui sont propres, semble s’accommoder à la CENI, dans sa composition actuelle.
Quant à l’opposition réunie au sein de l‘ADP et du Collectif des partis politiques pour la finalisation, elle ne veut pas entendre parler d’une CENI présidée par Louncény Camara, que d’aucuns présentent, à tort ou à raison, comme le Guinéen le plus impopulaire. Dans un premier temps, les partis membres de ces deux blocs de l’opposition ont décidé d’organiser des meetings d’information et de sensibilisation dans les cinq Communes de Conakry pour attirer l’attention l’opinion nationale et internationale sur leurs revendications qu’ils jugent tout à fait légitimes ( recomposition de la CENI, démission de Louncény de la présidence de l’institution, audit du ficher électoral, révision en lieu et place du recensement etc.).
Le samedi 24 mars, un premier meeting a été organisé au stade de Coléah, dans la Commune de Matam. Soit une semaine après la dispersion musclée de celui qui devrait se tenir au stade de Bonfi. Le samedi 31 mars, un autre meeting a été organisé à l’Héliport de Bellevue, dans la commune de Dixinn. Le 19 avril, ce sont les femmes de la même opposition qui ont pris l’initiative d’organiser un sit-in devant les locaux de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), pour demander entre autres la démission de Louncény Camara de la présidence de l’institution, l’organisation d’élections libres et transparentes. Mais ces pauvres femmes ont été dispersées violemment par les forces de l’ordre qui, dès le petit matin, ont pris d’assaut et barré toutes les voies d’accès à la CENI. Le jeudi 3 mais, loin de se décourager ou de craindre la répression, les femmes de l’ADP et du Collectif ont récidivé du palais du peuple pour les mêmes motifs. A l’issue d’une rencontre qui s’est tenue le vendredi 4 mais, l’opposition réunie au sein de l’ADP et du Collectif a projeté une marche pacifique ce jeudi 10 mai à Conakry pour contraindre le pouvoir à accéder à ses revendications. Reste à savoir maintenant si le Pr Alpha Condé et son gouvernement accepteront de lâcher du lest pour préserver la paix social dans le pays qui se caractérise par une instabilité chronique. Lors de la conférence de presse qu’ils ont organisée le lundi 7 mai, les leaders de l’ADP et du Collectif, présents à Conakry (Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Sidya Touré de l’UFR, Aboubacar Sylla de l’UFC etc)se sont montrés très déterminés à multiplier des marches de protestation aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays pour l’organisation les prochaines élections législatives sur des bases seines et consensuelles.
L’indépendant