mardi , 21 mars 2023

Conakry : Le gouvernement et le Président guinéen jouent avec le feu (Libre opinion)

 

Appel à une prise de conscience – Depuis plusieurs mois, l’opposition guinéenne réunie au sein du Collectif des Partis Politiques pour la Finalisation de la Transition et de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) mobilisent militants et sympathisants pour la tenue d’élections législatives libres et transparentes.

 

Le gouvernement et le président guinéen en tête semblent minimiser l’impact politique, économique et social des manifestations hebdomadaires qui sont en passe de devenir quotidiennes.  Une telle attitude relève plus d’inconscience que d’incompétence. La question que tout observateur est en droit de se poser, c’est de savoir que veut l’Exécutif guinéen.

Chacun pourra apporter la réponse qui lui convient. Pour ma part, je crois que le Président Alpha Condé est en train de négliger quelque chose qui mérite toute son attention. La détermination des Guinéens a laissé des marques historiques que tout homme politique bien avisé ne peut ignorer. Les manifestations de mars à juin2006 ; janvier- février 2007 et du 28 septembre 2009 en font foi.

Si Alpha Condé n’a assisté, de manière directe, à aucune de ces mobilisations pour la revendication des droits du peuple à décider de son destin, il est indéniable qu’il a vu les effets. Voudrait-il des conséquences comparables ? Ne voit-il que les populations guinéennes, y compris une bonne partie de celles qui le soutenaient, sont en train de le lâcher ? Personne, aucun homme politique ne peut rester indifférent à la vague de contestation qui monte actuellement en Guinée.

Ce serait une réplétion de dire que le monde à changer. Mais, c’est aussi une sorte de mise en garde. A voir l’indifférence du Président guinéen face à la désagrégation du climat social et politique du pays, on se demande si c’est la même personne qui avait parlé de printemps africain. Ou bien voudrait-il avoir par son indifférence  son propre printemps ?

Le climat politique qui règne dans certains pays voisins comme le Mali et la Guinée- Bissau devrait inciter les gouvernants guinéens à plus de responsabilité, de clairvoyance et de  prévoyance. Il ya toujours,  en cas de crise larvée, la preuve en est donnée, un petit soldat ou officier quelque part qui soit capable de mobiliser une petite troupe. On me dira que cela n’est plus autorisé. Mais ce fut de tout le temps le cas. Mais n’empêche.

Qu’on ne me fasse pas dire que j’incite qui que ce soit à une quelconque atteinte de l’Etat. Ces propos tiennent d’une volonté d’appeler les responsables politiques guinéens, dont le premier d’entre- eux, à prendre conscience que le terrain est en train de se dérober sous leurs pieds. C’est un appel à l’éveil  et à la responsabilité.
Alpha Condé devrait prendre conscience de risque d’enlisement et des méfaits qui s’ensuivraient pour aller vers l’opposition, chercher ouvertement et de manière consensuelle et franche la solution de la Commission Nationale Indépendante (CENI). Le  reste suivra tout naturellement.

Le gouvernement guinéen et le parti au pouvoir devraient savoir que des partis politiques fictifs et des responsables figuratifs qui n’ont aucun poids électoral ne les aideront jamais à gagner les échéances à venir.  Ils doivent accepter de composer leurs adversaires. Cela n’étant nullement un signe de faiblesse. C’est le contraire qui relève de l’irresponsabilité.

Actuellement, et dans la situation politique qui prévaut, le pouvoir guinéen n’a aucune chance d’aboutir ou de réussir quoi que ce soit sans un apaisement social et politique. Ce qui n’est possible sans la participation des responsables et leaders de l’opposition : Sidya Touré, Lansana Kouyaté, Mohamed Soumah, Mouctar Diallo, Cellou Dalein Diallo, Aboubacar Sylla et j’en passe.

Il est vivement recommandé au Président guinéen de réagir de manière responsable, urgente et efficiente pour éviter une explosion sociale dans le pays. A cela un seul choix : s’impliquer personnellement dans la solution de la question des législatives. En tout cas, ces échéances sont l’épine à son pied. A lui de savoir comment l’en extraire.

Une manifestation, deux, trois, quatre par mois passe et se gère. Mais, des manifestations quotidiennes sont incontrôlables. Les dérives les plus tragiques sont vite arrivées. Il y en déjà  eu si on en croit les images que l’on voit sur le net : des blessés par arme, des brûlés au corps, au visage, à la tête. Pire encore, sur les parties les plus sensibles et intimes. Je ne parlerai pas encore de morts en attendant une confirmation des infos dans ce sens.


Le gouvernement guinéen et son Président devraient savoir que le mirage démocratique n’a pas encore eu lieu. Bien plus, c’est une désillusion qui est là.

Le Président Alpha Condé devrait situer les responsabilités et en tirer les conséquences. Les observateurs sont presque unanimes que le système n’a pas produit l’effet attendu. Que la dérive est en marche. Question de gouvernement ? De gestion personnelle et ethnique du pouvoir ? Méconnaissance du terrain ? Tout  cela à la fois ? Une chose est sûre : ça ne marche pas en Guinée.

Dans un pays où tout va bien, il n’ya pas de manifestations populaires revendicatives. Il n’ ya pas de famine. Il n’ya pas de manque d’eau et d’électricité. Il n’ya pas de forces de police et de gendarmerie qui matraquent, violentent les citoyens.

Dans un pays démocratique, on n’a pas besoin d’appeler les militaires à rester dans les casernes. Il en va de soi, car  la loi leur interdit le contraire. On n’a pas besoin  non plus d’une presse à dévotion. Encore moins de passer en boucle les images du président, de ses ministres et autres pour faire illusion.
Dans un pays où le minimum est assuré, les imams donnent des serments. Ils ne sermonnent pas le président et l’Exécutif ! Autant dire qu’en Guinée, ça ne marche pas. Et cela ne saurait être en l’absence d’un rapprochement avec l’opposition politique.

Le gouvernement guinéen et le Président Alpha Condé devraient transformer la braise qui dort sous la cendre de l’échec, en boule de cristal. Autrement dit, en un matériau solide pour resserrer les liens entre pouvoir et opposition, entre Guinéen tout simplement.

Vivement que les oreilles s’ouvrent pour entendre la voix des guinéens qui s’expriment sur le net, à travers les journaux de la place et qui ne sont pas fagotées par personne. Cela, pour éviter de nouveaux drames et  un retour aux tragédies passées et non lointaines que le peuple a essuyées.

Que dieu Aide ceux qui se battent pour le peuple pour la démocratie chez nous et non pour un homme ou leurs intérêts égoïstes !

Lamarana Petty Diallo
lamaranapetty@yahoo.fr