samedi , 25 mars 2023

Prolifération des barrages à l’intérieur de la Guinée : Pour quelle fin ?

La multiplication des barrages à l’intérieur du pays est une occasion donnée aux forces de défense et de sécurité pour pratiquer la corruption. Tandis qu’à sa prise de fonction en fin 2010, le président Alpha Condé avait promis de faire de  la lutte contre la corruption son cheval de bataille.

Ce phénomène qui gangrène toute l’administration du pays. Une action qu’il a entamée dès son arrivée aux commandes par l’instauration de l’unicité des caisses de l’Etat, l’assainissement de l’administration publique et le contrôle permanent des structures publiques.

Malgré ces initiatives et la bonne intention affichée du président, certains esprits mal intentionnés continuent de pratiquer la corruption qui bat son plein à tous les niveaux de l’administration. Et pour savoir que c’est une réalité, on n’a pas besoin d’aller loin ou d’être un auditeur. Mais, le corps ou la corporation qui la pratique à outrance demeure les forces de défense et de sécurité ayant érigé des barrages à l’intérieur du pays depuis l’attaque du domicile privé du Chef de l’Etat, le 19 juillet 2011. Ces barrages, au lieu de servir à vérifier les bagages ou personnes suspectes, ils servent plutôt à dépouiller les passagers et les conducteurs de véhicules.
Récemment, j’ai personnellement été  témoin de ces pratiques  à l’intérieur  du pays. Le constat est alarmant. Tenez ! Du pont de Kaka à Coyah jusqu’à la préfecture de Tountouroun à Labé, il y a  plus d’une dizaine de  barrages où miliaires, policiers et gendarmes rivalisent d’ardeur dans le racket. Et à chaque barrage, le conducteur est contraint et forcé de donner entre 2000 et 5000 GNF pour se frayer le passage. Qui sont à l’intérieur du véhicule ? Ils s’en soucient moins.  Tous ces corps habillés pratiquent la même chose. Aucune différence. Le hic est que ces agents des forces de défense et de sécurité qui devaient être le modèle, l’exemple, sont les premiers dans cette pratique néfaste qui ne rapporte rien à l’Etat et contribue à sa dégradation. L’argent est payé sans qu’aucun reçu ne soit donné ni au conducteur des véhicules encore moins  aux passagers qui ne disposent pas de carte d’identité nationale, auquel on réclame sans scrupule entre 5000 et 15 000 francs. Cela se passe au su et vu de tous, dans la plus grande impunité.

A moins qu’il y ait deux poids deux mesures, les patrons de l’armée et celui de la sécurité devaient à défaut de mettre un terme au phénomène qui ne donne pas une bonne image à la Guinée, lever certains barrages (exceptés ceux des frontières) pour mettre fin aux rackets quotidiens dont sont victimes les passagers.
Il y a également un autre phénomène qui est entrain de se développer au niveau de la rentrée de la ville de Conakry. C’est quotidien. Tous les chauffeurs des gros porteurs (camions) sont obligés de déplacer un policier auquel on donne entre 50 000 et 100 000 GNF pour échapper à d’autres policiers (gueules de loup), postés dans les coins et recoins de l’autoroute et Le Prince. Ces pratiques n’honorent pas la profession encore moins les autorités qui se sont fixées comme objectif, la réduction  ou l’éradication du phénomène dans le pays.

Dans certains endroits mêmes, ce sont des enfants de la localité qui sont utilisés pour tenir la corde au niveau des barrages pendant que le ‘’patron et chef de poste’’, lui, se fait le roi ailleurs.

Dans la réforme de l’armée, engagée par les autorités guinéennes, il serait nécessaire qu’on inculque dans l’esprit de nos forces de défense et de sécurité, l’esprit du civisme. Ceci amènerait à une prise de conscience générale. Car, depuis presque une décennie, la Guinée fait partie des pays qui occupent le peloton des pays les plus corrompus au monde.  Une image qui écorne sa notoriété.

Pour la sortir de l’ornière, la morale voudrait que chacun prenne ses responsabilités et que le changement prôné par le nouveau régime soit une réalité et non un vain mot, vidé de son sens.

Source : Eco-Vision