vendredi , 31 mars 2023

Charles Taylor a ce qu’il mérite

Si les dirigeants africains veulent éviter d’être traduit devant la justice internationale, ils doivent revoir leur gouvernance pendant qu’il est encore temps.
«Coupable !». C’est le mot qui aura retenu le plus l’attention, le 26 avril 2012, au Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) délocalisé près de La Haye et où était jugé depuis 2008 l’ancien chef de l’Etat libérien, Charles Ghankay Taylor.

Au terme de quatre années de procès, Charles Taylor vient donc d’être reconnu coupable des onze chefs d’accusation qui pesaient contre lui et qui plongent leurs racines dans la guerre civile en Sierra Leone de 1991 à 2001.
Charles Taylor tenu pour responsable des crimes de guerre

Une guerre dans laquelle l’ex-homme fort de Monrovia est accusé d’avoir pris fait et cause pour la rébellion du Front révolutionnaire uni (RUF) qu’il a aidée matériellement et financièrement, en échange de diamants.

Même s’il n’a jamais mis les pieds en Sierra Leone ou fait le coup de feu aux côtés des rebelles du RUF, Charles Taylor est tenu pour responsable des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité que ses protégés ont commis. Pour la peine qui va lui être infligée (qu’il devrait purger en Grande Bretagne), celui qui a dirigé le Libéria de 1997 à 2003 va devoir attendre le 30 mai prochain pour être situé. En attendant cette deuxième partie du verdict, l’ex-seigneur de guerre a tout juste deux semaines pour faire appel du premier acte.

Accusé emblématique du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, Charles Taylor est devenu aujourd’hui le premier chef d’Etat, depuis 1946, à être condamné par une juridiction internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Mais, pouvait-il en être autrement?
Il n’y aura personne pour les sauver

On échappe difficilement à son destin, aussi triste ou cruel soit-il. Sinon qui, à commencer par Charles Taylor lui-même, aurait cru un seul instant que celui qui avait droit de vie et de mort sur les Libériens, allait se retrouver derrière les barreaux comme un vulgaire malfrat ? Le triste sort de Mister Taylor doit interpeller et servir de leçon aux dirigeants, surtout ceux d’Afrique, qui martyrisent leur peuple.

Ils doivent savoir que si les juridictions nationales n’osent pas les inquiéter, il y a, fort heureusement, la justice internationale devant laquelle ils ne manqueront pas de rendre compte, un jour, de leurs crimes. Ils auront beau crier à une justice sélective, injuste, impérialiste, il n’y aura personne pour les sauver. Si ces dirigeants sanguinaires veulent éviter cette honte, ils doivent revoir leur copie, leur gouvernance pendant qu’il est temps.

Rien ne peut justifier l’acharnement d’un dirigeant contre son propre peuple duquel il détient, paradoxalement, son pouvoir. Et c’est dommage qu’il faille une justice internationale pour rappeler à certains ce qu’ils sont censés savoir. Reste que cette justice doit démontrer qu’elle est au service de toutes les victimes du monde, en traquant les bourreaux partout où ils sont.


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