
Jusqu’à sa venue à la primature, il était perçu comme un des gros travailleurs du gouvernement grâce à ses amitiés tissées au sein de la presse publique et privée. Le topo était de ne faire parler de lui que lors d’une pause de première pierre ou d’inauguration d’ouvrages.
Après une huitaine d’années de cet exercice, le bonhomme avait acquis une certaine respectabilité. Mais quelle que soit sa durée dans l’eau, le tronc d’arbre ne devenant jamais un caïman, ce qui devait être son caractère naturel a brisé le vernis chez Cellou Dalein et repris le dessus. Il a alors commencé à intéresser particulièrement l’opinion publique nationale. On a d’abord parlé de lui pour la cession hors procédure du cinéma ‘’Le palace’’ à son ami Alpha Amadou, l’homme d’affaires. On a aussi parlé de Cellou Dalein quand il a engagé l’Etat guinéen à payer au même homme d’affaires la somme alors faramineuse de 2 milliards GNF que l’UGAR lui devait.
On a ensuite commencé à parler de lui plus sérieusement lorsque l’affaire de la quatrième licence de téléphonie a éclaté. Cette affaire a généré un des scandales les plus honteux de la Deuxième république, mettant aux prises un Premier ministre et son ministre des Postes et de la Communication. Le Cellou de la primature était loin du petit Cellou respectueux jusqu’à l’obséquiosité. De la salle du Conseil des ministres, les tiraillements entre les deux membres du gouvernement vont descendre sur la place publique. C’est là que l’Etat va commencer à se déliter gravement et profondément. Et l’on apprendra avec ahurissement que Cellou Dalein et certains hommes d’affaires de sa compagnie, en marge d’une visite officielle qu’il effectuait à Dakar à la tête d’une délégation gouvernementale, avaient touché un pot-de-vin de 5 millions d’euros pour avaliser la 4ème licence. Lorsque le pot aux roses sera découvert, ses complices seront obligés de nettoyer ce qui était devenu une ardoise gênante. A partir de ce moment, Cellou Dalein va accumuler les pots cassés. Son erreur fut de croire qu’il avait totalement subjugué Lansana Conté à travers ses dons en denrées (riz, sucre,…) dans le Bouramaya, ses visites rapprochées et toujours ‘’intéressantes’’ à la parentèle présidentielle, ses prévenances hors normes et son obséquiosité. Conté dira d’ailleurs à son propos qu’il a ‘’son Peulh et que ce Peulh est le plus respectueux qui soit’’. Il mettait toujours un genou à terre pour saluer le président Conté mais n’hésitait pas non plus à tripatouiller les décrets qu’il lui soumettait. Son fameux décret mort-né du 5 avril 2005 tire son origine de cette pratique. Ce décret, qui nommait plus de va-nu-pieds et de maquisards au sein du gouvernement, déclaré nul et non avenu, va entraîner sa chute. Cellou Dalein sera incontinent limogé pour faute lourde. Entré dans le gouvernement en bombant le torse, il s’en ira furtivement et sur la pointe des pieds.
Néanmoins, au cours des derniers mois qu’il a passé aux affaires, plusieurs scandales auxquels Monsieur Cellou Dalein était mêlé on été révélés au grand jour. Ainsi citons pêle-mêle les cas Guinomar, Sogeac, Air Guinée, Société navale, Chemins de fer, le bradage de biens patrimoniaux de l’Etat… L’on a appris par ailleurs qu’il était le propriétaire de la plus grande société de transport pétrolier et qu’il s’était également investi immensément dans l’immobilier et le foncier productif tant ici en Guinée qu’à l’extérieur du pays. Et c’est ce que le Sénégal a confirmé en le nommant Meilleur investisseur étranger du pays.
Après le Port de Dakar et les Impôts, Monsieur Dalein est ainsi le plus grand pourvoyeur de fonds du Trésor sénégalais. Quelle préférence incongrue d’attribution d’un tel privilège hors de chez soi ! Ce n’est pourtant pas à ce que l’on sache du Sénégal qu’il a tiré sa fortune, il n’a hérité ni d’un oncle ni d’aucune autre parentèle. Il a puisé cette immense fortune estimée aujourd’hui à des dizaines de milliers de milliards des caisses et avoirs de l’Etat guinéen.
Pour plus parler de Diallo Mamadou Cellou – nous tairons volontiers pour le moment son caractère ombrageux et mesquin, sa susceptibilité presque féminine et toutes ses autres bassesses – nous allons juste faire un survol sur son petit parcours en politique.
Après avoir lancé en vain une OPA sur l’UPR, le parti de Siradiou Diallo dirigé par Bah Ousmane depuis la disparition du grand opposant, le blanc bec en politique jette son dévolu sur l’UFDG de Bah Oury, présidé par le doyen Bâ Mamadou. A coup de centaines de millions ‘’distribués’’ avec une magnanimité trop ostentatoire pour être cordiale, il va occuper le fauteuil directionnel de ce parti. Et, s’accaparant du concept ‘’Hal Pulaar’’, il va bâtir là-dessus son idéologie et développer un programme du « tout pour le pouvoir » ; ainsi, il a réussi à mettre en place la machine ethnocentriste et communautariste la plus destructrice et négative de l’histoire depuis le nazisme et le fascisme. Mais il va aussi cultiver des bourdes dont il en pâtira. Sa morve à l’endroit de ses plus proches camarades dans la hiérarchie va entraîner des tensions ; Bâ Mamadou revendiquera alors la présidence d’honneur du parti et Bah Oury exigera d’être le vice-président. Voulant faire parler de lui, il accusera le CNDD de vouloir le faire arrêter tout comme il l’a fait dernièrement avec Alpha Condé en demandant la protection de la France. Citons le 28 septembre 2009 sans nous appesantir dessus cette fois-ci et passons aux élections pour la magistrature suprême. Il a -, ‘’boosté’’ par une forte armada d’opérateurs économiques, de commerçants, de vieux politiciens démagogues sur le retour, de marabouts et charlatans, d’excellents artistes et de l’équipe médiatique la plus grande en nombre jamais réunie dans la sous-région – réussi à mobiliser autour de lui des frères militants ultra fanatiques du concept ethnique et racial. Mais, enivré par cette puissance en mouvement à chacune de ses apparitions en public, Cellou Dalein a pêché par excès de confiance. Bien avant la fin de la campagne du 1er tour, Cellou se voyait déjà sur le ‘’kibanyi’’ ; on raconte sous cape que sa tendre mie, vrai ou faux, avait même effectué un stage de comportement d’une première dame. Il ira même, dans sa douce folie, jusqu’à démettre de leur poste des gens jamais nommés mais auxquels il avait tenu promesse.
Au second tour, constitution d’alliance, mauvais calculs, excès de confiance, son bloc a joué la carte de l’intimidation et des menaces et tout a… basculé. Le fameux premier est devenu chat échaudé. Mais au lieu de se tenir coi, il a plongé dans les intrigues, les provocations, les menaces et des actes terroristes isolés.
Du côté des ressources humaines et des finances du parti, il a d’abord géré la caisse tel qu’un commerçant libano-syrien avant de la confier à un de ses hommes liges et a multiplié les frustrations dans les rangs de sa formation. Malgré les précautions prises les derniers temps, les 2 milliards FG/personne perçus par lui, Jean-Marie et Sidya Touré se rapportant aux événements du 28 septembre ont été révélé au grand jour. Les 14 milliards FG détournés des caisses du parti ont aussi alimenté les débats. L’attentat contre le PRG, la fuite de Bah Oury, les accusations portées contre trois de ses affidés et hommes à tout faire (Bah Oury, Sadakadji et Tibou Kamara) lui ont causé aussi de grands torts. Les ruades et défections dans les rangs du parti et de son alliance l’ont également marqué au fer rouge. Ses derniers mensonges étalés sur la place publique l’ont mis knock-out quant à eux.
Nous arrêtons là pour le moment en estimant que nos lecteurs ainsi que nos délateurs ont compris pourquoi l’on ne peut que parler de Cellou Dalein. Il se trouve toujours quelque chose à dire sur lui lorsqu’on suit sa trace. Nous y reviendrons.
Source: La Vérité