
Dans cet État de la Corne de l’Afrique, les superstitions sont encore bien présentes. Comme l’explique The Wall Street Journal, les communautés chrétiennes orthodoxes éthiopiennes (la religion dominante dans le pays) tentent souvent de combattre le virus par des pratiques religieuses.
Les fidèles de cette Eglise croient notamment dans le pouvoir de l’eau bénite. Selon eux, une source de la montagne d’Entoto, située au-dessus de la capitale Addis-Abeba, permet de guérir la maladie.
Une journaliste du quotidien américain est allée à la rencontre de certains de ces pratiquants.
Elle a recueilli le témoignage de Melaku, un séropositif, âgé de 30 ans. Il y a cinq ans, il est venu lui aussi à Entoto à la recherche d’un miracle.
«A l’aube chaque jour, il descendait un ravin escarpé et s’étendait nu dans une piscine naturelle. Les prêtres tenant des croix, versaient à six reprises de l’eau sur les gens», peut-on lire dans l’article.
Malgré le décès de nombreux malades, Melaku est resté sur place: «J’essayais d’avoir la foi dans l’eau bénite.»
Il a ensuite fait la rencontre d’une autre séropositive, Tigist. Elle aussi a rejoint le groupe de croyants, mais le remède n’a pas été efficace: «Elle est devenue plus malade, elle vomissait l’eau bénite.»
Melaku a alors décidé de transporter sa compagne à l’hôpital. Tout en continuant à prendre de l’eau bénite, Tigist a finalement accepté la thérapie antirétrovirale, un traitement qui permet de réduire la mortalité chez les personnes infectées par le VIH.
Comme le constate The Wall Street Journal, de plus en plus d’Ethiopiens ont accès aux médicaments. Même s’ils continuent à croire en Dieu, ils ne sont plus réfractaires à la médecine.
«J’encourage les gens à se faire baptiser et à prendre leurs médicaments chaque jour», explique ainsi un prêtre d’Entoto.
Selon les dernières données disponibles, en février 2010, 250.000 Ethiopiens avaient débuté une thérapie antirétrovirale, alors qu’ils n’étaient que 72.000 en 2007.
Le nombre de morts liés au sida a ainsi baissé de 71.900 en 2007, à 28.100 trois ans plus tard.
Melaku et sa compagne ne sont plus retournés à la source miraculeuse depuis deux ans. Tout en tenant dans sa main deux flacons de rétroviraux, Tigist conclut le reportage :
«Je crois toujours dans le pouvoir de l’eau, mais comme les médicaments m’aident, je pense qu’ils sont plus puissants.»
The Wall Street Journal