
Il y a même quelque chose d’extraordinaire quand on fait le parallèle entre la valeur supposée des championnats (Chine, Afrique du Sud, RDC, Zambie) dans lesquels évoluent la quasi-totalité des joueurs d’Hervé Renard et le niveau de football développé par cette formation plus qu’étonnante.
Si on raisonne sur des bases strictement sportives, on doit leur dire chapeau bas. La Zambie mérite très largement sa victoire dans un match où ils ont joué sur leurs qualités, maîtrisant parfaitement leur sujet.
Ces lignes là, je les ai écrites avant même l’issue des tirs aux buts qui ont donné le nom du vainqueur de la CAN, tant la prestation de l’équipe zambienne honore ce pays pauvre d’Afrique australe. Quand je pense aux Edson Mulenga, Makwaza, Chikabala, tous ces grands noms zambiens qui ont péri dans un terrible crash d’avion, il y a quelque chose de divin dans cette victoire, un exploit qui va contribuer à panser les plaies d’un peuple meurtri par le football. Quelle belle victoire ! Quelle belle revanche sur le sort ! Dire que l’actuel président de la fédération zambienne de football n’est autre que Kalusha Bwalya, le seul rescapé de la catastrophe de 1993… Sur l’ensemble de la compétition, c’est bien entendu un hommage rendu à la Zambie mais également aux footballeurs africains évoluant sur les terrains locaux et qui, par la force des choses, se retrouvent étouffés par les professionnels venant d’Europe.
Côté ivoirien, je sais que le regrets ne manqueront pas, eux qui n’ont encaissé aucun but dans le temps réglementaire en 6 matches mais qui ont vu le trophée leur échapper. Symbole de la malchance des Eléphants, Didier Drogba a marqué un penalty, mais pas le bon… Sur le match, je crois que les Ivoiriens, curieusement fébriles, ont été surpris par la vivacité et la confiance affichées par les Zambiens dès les premières minutes. Sur la toute première attaque dangereuse, ils frôlent de justesse la douche froide suite à un tir tendu de Kalaba, dans les 16 mètres, bloqué sur la ligne de buts par le portier ivoirien Copa Barry pourtant gêné par une forêt de jambes.
La défense ivoirienne été curieusement prise de vitesse sur cette action là. Après cette alerte, ce sont les Zambiens, amenés par leur capitaine Katongo, encadrés par les excellents Mayuka et Kalaba qui vont continuer à poser leur empreinte sur la rencontre.
Personnellement, au fur et à mesure que la rencontre avançait, l’évidence sautait aux yeux : les joueurs ivoiriens n’avaient pas pris la pleine mesure de la qualité de cette impressionnante équipe de Zambie. On remarquait que les milieux de terrains Cheik Tioté et Didier Zokora (poussif pour une fois) étaient à la peine avec le jeu adverse fait de petites passes, efficace dans l’approche mais manquant de puissance dans la finition. Heureusement, car une défaite dans le temps réglementaire aurait été humiliantes pour la Côte d’ivoire. Sur une des rares actions ivoiriennes à la 29è mn la talonnade de Didier Drogba échoue sur Yaya Touré mais la frappe croisée du meneur de jeu de Manchester City passe à quelques centimètres du poteau.
Je crois qu’une frappe sèche du coup du pied aurait été préférable pour gagner en précision… Après quelques actions légères, la mi-temps va intervenir après une légère baisse de rythme des Chipolopolos. Cela a, à mon avis, arrangé les affaires ivoiriennes.
En seconde période, les Eléphants, malgré un petit progrès dans la maîtrise du jeu, ponctué par un penalty à la 69è mn raté par leur star Didier Drogba (une frappe au dessus alors que le gardien adverse avait choisi le mauvais côté). Sur quelques contres, les zambiens vont se montrer dangereux, mais le replacement de Tioté (Zokora remplacé par Ya Konan et Salomon Kalou par Max Gradel) va permettre aux Ivoiriens de mettre le pied sur le ballon. Gradel loupera une balle de match après avoir éliminé les défenseurs adverses sur crochet mais en se précipitant sur la frappe (88è mn). Comme pour répondre à l’Ivoirien, Mayuka, seul dans la surface hésite et se fait rattraper par Kolo Touré (93è mn) ce qui envoie les équipes au repos avant les prolongations sur un score 0-0.
Dès le retour sur la pelouse, les Zambiens vont s’offrir une belle action de but enrayée par Kopa Barry des… crampons avant que la balle n’échoue de justesse sur le poteau. Ce fut l’action la plus dangereuse au cours de la première mi-temps de la prolongation.
La seconde période ne produira pas grand chose. Finalement, la séance de tirs aux buts se transformera en véritable calvaire pour les Ivoiriens avec le résultat que tout le monde sait… Bravo la Zambie !
Ps : Voilà une CAN qui, sans être exceptionnelle, restera dans les mémoires par sa valeur symbolique. L’équipe de Zambie, décimée il y a 19 ans, règne aujourd’hui sur le toit de l’Afrique. La CAN devait bien ça à ce pays.
Pour la troisième place, le Mali a pris sa revanche sur le Ghana grâce à deux buts de Cheikh Tidiane Diabate. Un exploit pour les Aigles, habitués aux défaites face aux Black Stars.
Par Saliou SAMB