
Il aura fallu quatre tours de scrutin, pour arriver à ce résultat surréaliste : pas de gagnants, que des perdants.
Ce vote s’est déroulé dans une atmosphère tendue. Au premier tour, Jean Ping, a obtenu 28 voix et Nkosazana Dlamini-Zuma 25.
Le Gabonais a perdu un peu de son avance au deuxième tour avec 27 voix contre 26.
A l’issue du troisième tour, dans une atmosphère glaciale selon un témoin, le président sortant de la Commission de l’UA refait son retard et réunit sur son nom 29 voix contre 24 pour la Sud-Africaine.
Cette dernière selon les statuts s’est retirée de la course, et un quatrième tour a été organisé pour permettre à celui, resté en lice, d’obtenir la majorité des deux tiers requise.
C’est lors de ce quatrième tour que le blocage est intervenu. Les partisans de madame Dlamini-Zuma emmenés par l’Afrique du Sud se sont abstenus en masse.
Le Gabonais Jean Ping a obtenu 32 voix. Il n’a pas la majorité des deux tiers !
Selon les textes, c’est le vice-président de l’UA qui va assurer l’intérim jusqu’au prochain sommet des chefs d’Etats, en juillet.
Une bataille acharnée
L’imposante délégation sud-africaine était pourtant en ordre de bataille. Le président Jacob Zuma a multiplié les appartés, tout comme sa ministre des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane. Et tous les délégués ont eu droit à une petite brochure sur papier glacé, vantant les qualités de Nkosazana Dlamini-Zuma. L’actuelle ministre de l’Intérieur promettait de travailler au développement économique et social, à l’élimination des conflits, à la promotion de la démocratie, à la bonne gouvernance et à l’émancipation des femmes. En soulignant que son peuple a joué un rôle majeur dans la libération du continent.
Dans l’autre camp, la discrétion était de mise. Le président gabonais Ali Bongo et son chef de la diplomatie se sont livrés aux mêmes jeux des entretiens discrets. Jean Ping affichait une mine sereine. Il a participé hier dimanche après-midi à une longue réunion sur la crise dans la bande sahélo-saharienne.
Les 54 délégués devaient les départager dans la matinée, lors d’un vote à bulletin secret.
Les ingénieurs chinois avaient installé un système de vote électronique sur chaque pupitre. Pour être élu, il fallait donc obtenir les deux tiers des voix, ce qu’aucun des deux prétendants n’est parvenu à remporter.
Avant le verdict, de nombreux diplomates affirmaient déjà que cette bataille pour le poste de président de la Commission aurait des conséquences sur le fonctionnement futur de cette organisation.
RFI