
New York, le 26 septembre 2011
A Monsieur le Président du parti Guinée Pour Tous
Conakry
Objet : démission
Monsieur le Président,
C’est après mûre réflexion que je vous adresse cette lettre de démission. La raison en est assez simple : votre mépris et votre déficit de respect pour moi alors que nous avons à deux décidé ensemble il y a un peu d’une année à l’hôtel REGINA à Paris de la création du Mouvement Guinée Pour Tour qui est devenu le parti Guinée Pour Tous.
Monsieur le Président,
Après le rappel à Dieu du Général Lansana CONTE, j’avais jeté mon dévolu sur votre personne car vous restiez, à mes yeux, le seul espoir pour les guinéens qui ont servi le défunt Président à pouvoir offrir le changement démocratique à la Guinée et à mettre notre cher pays sur le sentier du développement politique, économique, social, culturel et moral durable.
Au lieu de choisir le PUP, j’avais préféré vous rejoindre car vous êtes resté à mes yeux le dernier protégé de Lansana CONTE à représenter l’âme et l’espoir de notre peuple.
Monsieur le Président,
Avec vous, je n’ai ménagé aucun effort afin d’apporter ma pierre au développement de Guinée Pour Tous et à la concrétisation d’un rêve que je caressais, celui de vous aider à accéder à la magistrature suprême de la Guinée, démocratique, prospère et unie.
C’est ainsi qu’au-delà des travaux de réflexion que j’avais menés au sein du parti, j’ai accepté d’être votre Directeur de campagne au premier tour de l’élection présidentielle de 2010.
Je vous ai toujours témoigné ma fidélité et ai toujours été attaché aux idéaux du parti. Mais, force est de constater que vous conduisez, depuis quelques temps, notre mouvement politique à l’abime ce, nonobstant le sacrifice de tous les camarades fondateurs.
Monsieur le Président,
Votre manque de considération pour les autres, fait que je ne vous reconnais plus aujourd’hui, vous qui étiez le grand espoir. Vous commencez à ressembler à ces hommes politiques qui ont trahi ceux qui les ont portés en triomphe.
A cet égard, les questions que je voudrais vous poser, Monsieur le Président, sont celles de savoir ce qui vous a originellement motivé à vous lancer dans l’arène politique. Est-ce le besoin de retrouver une virginité après être présenté comme prédateur de l’économie nationale ou un raccourci pour faire fructifier vos business ? Pourquoi avoir suscité autant d’espoir chez les guinéens, moi y compris ? Ne saviez-vous pas que faire de Guinée Pour Tous ?
Monsieur le Président,
J’aime souvent me répéter que je suis né fier et libre et, digne et libre, je mourrai inchallah. Je suis un homme qui respecte les principes qu’il s’est lui-même édictés. A cause de ces valeurs, j’ai compris qu’il fallait partir de Guinée Pour Tous au lieu de vivre dans le déshonneur, le ridicule et la lâcheté.
Monsieur le Président,
Je vous écris, meurtri dans ma chair et dans mon âme, pour vous dire que vous êtes en train de vous égarer. Ce n’est pas du tout de la realpolitik que vous faîtes mais une erreur stratégique monumentale que vous commettez.
Si c’est un choix personnel, je vous le respecte. Si c’est également le choix de vos plus proches collaborateurs actuels assoiffés de strapontins politiques, je m’incline également en leur souhaitant bon vent.
Je ne suis pas un va-t-en-guerre mais plutôt un homme de parole et d’honneur, un homme de bon sens ou de lucidité. Je reste fidèle aux valeurs que nous partagions et défendions ensemble (le projet de société de Guinée Pour Tous) qui restera mon bréviaire.
Monsieur le Président,
A. Lincoln, Président des Etats-Unis d’Amérique, avait dit : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps, on peut tromper tout le peuple un certain temps mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».
Pour toutes les raisons évoquées supra et ayant le sentiment d’avoir accompli mon travail auprès de vous mais, ne pouvant accepter de perdre ma dignité, je vous présente officiellement ma lettre de démission du parti Guinée Pour Tous.
Monsieur le Président,
Comme le soulignait le philosophe R. Descartes « Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices » et subissant une asymétrie négative quant à votre comportement vis-à-vis de moi, je vous quitte.
Je préfère continuer autrement mon combat politique ailleurs.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute et dévouée considération.