« Le collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition a appris avec surprise et indignation l’élection à la tête de la commission électorale nationale indépendante (CENI) de M. Lounseny Camara, le 3 août 2011.» Cette immixtion scandaleuse dans les affaires internes à la CENI, est de l’opposition radicale au régime d’Alpha Condé. C’est dans une déclaration signée le 4 août, que cette opposition apparemment aux abois, dénonce
une « CENI partiale et manipulée » qui aurait poussé l’outrecuidance jusqu’à élire « précipitamment son nouveau président» Pendant que, elle, l’opposition, cherche à rencontrer les institutions pour l’amorce d’un dialogue politique. Mais diantre ! De quoi je me mêle ?
Le moins qu’on puisse dire est que l’opposition guinéenne est sortie groggy de la dernière élection présidentielle au point de perdre toute raison, toute notion de démocratie, encore moins de la realpolitik. Sinon comment peut elle s’indigner de l’élection –nous avons bien dit, élection-, d’un citoyen à la tête d’une institution qui a respecté ses règlements intérieurs. Et qui, plus est, a organisé ses élections devant un huissier.
Cette opposition qui criait sous tous les toits que le professeur président (PP) ne peut pas remettre en cause un fichier électoral à base duquel il a été élu, est-elle devenue si amnésique pour oublier que cette CENI là a été la CENI qui a organisé cette élection ?
Un autre fait qui montre le bégaiement de l’opposition c’est de dire partout où elle était que le PP viole la constitution en voulant donner trop de prérogatives au ministère de l’Administration du territoire dans l’organisation des prochaines législatives. Ceci était une vérité de la Palice. Nous avions alors pensé que l’opposition était un rempart des principes démocratiques. Mais sa sortie contre la CENI montre avec éloquence qu’elle fait du deux poids deux mesures. Et que l’enfer c’est l’autre, le pouvoir.
Il est aussi vrai que le pouvoir –en violant à son tour la Constitution-, a tenté de mettre main sur cette CENI par un protocole d’entente avec le ministère de l’Administration du territoire pour lequel l’opposition n’a pas trouvé un espace de dialogue pour pouvoir y participer. Ce qui signifie que les deux camps parlent du respect de la démocratie, donc de la Constitution, mais pensent autre chose ! Leurs politiques semblent être résumées comme ci : toute loi qui ne m’arrange pas doit aller au diable !
La CENI, c’est vrai, pêche par son incapacité, son manque de rigueur et ses incohérences. Mais ceci donne-t-il le droit au pouvoir et à l’opposition de s’immiscer dans ses affaires ? Sa légitimité écorchée depuis la dernière présidentielle, la CENI est tout de même légale !
Le mieux c’est de créer un cadre de concertation entre opposition et pouvoir et faire recours au CNT pour modifier ce qu’il y a à modifier dans la CENI, pour que les incohérences politiques des uns et des autres prennent fin !
Ibrahima S. Traoré pour Mediaguinee.com