
L’émotion était à son comble vendredi à cap Canaveral (Floride) pour le dernier lancement d’une navette spatiale avant leur mise à la retraite. Atlantis, couplée à son énorme réservoir orange caractéristique, a décollé vers 17 h 30, heure de Paris, devant une immense foule venue rendre hommage aux vénérables orbiteurs. Mercredi, le président Barack Obama avait salué cet « accomplissement extraordinaire » qu’est la navette.
La Nasa avait prévu le retrait des navettes de longue date. Cette dernière mission d’Atlantis (STS-135) avait été ajoutée in extremis au calendrier après l’obtention d’une rallonge budgétaire auprès du Congrès. Atlantis doit livrer 3,7 tonnes de nourriture et d’équipements à la Station spatiale internationale (ISS) afin d’assurer son approvisionnement pour un an. Par ailleurs, elle apportera, lors de cette mission de 12 jours, un système robotique expérimental pour faire le plein de carburant des satellites, prolongeant ainsi leur fonctionnement de plusieurs années.
Symboles de la conquête spatiale
Trop chers à l’exploitation, ces vaisseaux, symboles de la conquête spatiale, ont accompli un travail de titan. L’histoire retiendra notamment leur participation à la construction de l’ISS ou encore les sorties extravéhiculaires de ses astronautes, rares occasions de voir utilisées les combinaisons spatiales de la Nasa depuis la fin du programme Apollo.
Malgré un bilan incontestablement positif pour la conquête spatiale, les navettes n’ont pas atteint les objectifs fixés lors du lancement du programme, au début des années 1970. L’idée de départ était de produire un véhicule spatial bon marché, car réutilisable. Mais les coûts d’exploitation et les incessantes adaptations du vaisseau pour renforcer sa sécurité ont rapidement fait grimper l’addition de chaque lancement. Le remplissage du réservoir principal avec deux millions de litres d’hydrogène liquide et d’oxygène liquide coûte à lui seul plusieurs centaines de milliers de dollars. La Nasa a donc drastiquement réduit ses prévisions de vol, passant de plusieurs dizaines par an à quelques lancements seulement.
Fin de la première course à l’espace
Le contexte historique a, lui aussi, eu raison des « space shuttles ». La fin de la guerre froide, la fin de la course à l’espace ou, plus récemment, la crise financière ont rogné les budgets de la Nasa, qui ne veut pas engloutir ses crédits dans un seul programme. Pour autant, ce n’est pas la fin des vols habités américains. Plusieurs projets sont lancés, dont un pour l’exploration de Mars. Barack Obama mise sur les partenariats avec le privé et appelle à « de nouvelles percées technologiques » pour abandonner les technologies datant d’Apollo dans les années 1960.
Pouvant emporter sept astronautes et une cargaison plus importante qu’une fusée, les navettes ont eu une carrière riche et agitée. Au total, elles auront passé plus de 1 300 jours dans l’espace, faisant plus de 21 000 fois le tour de la Terre. Elles vont désormais rejoindre des musées, sauf Atlantis qui restera en exposition au centre spatial Kennedy de cap Canaveral. La ville de Houston (Texas), dont le centre de contrôle a joué un rôle-clé tout au long du programme des vols habités de la Nasa (qui ne se souvient pas du fameux « Houston, on a un problème ! »), a demandé en vain à accueillir un orbiteur, au grand dam de ses représentants au Sénat qui dénoncent des représailles politiques.
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