
Le dimanche 25 juin, quand nous avons été alertés d’urgence sur le cas de gravité de la maladie d’une patiente qui était là depuis près d’une semaine, nous nous rendons à son chevet.
Il était 23 heures. A ce moment ci, l’hôpital est presque désert. Au service de pneumonie, pas un seul médecin titulaire pour faire face aux cas d’urgence. Face à cette désastreuse situation, les stagiaires et autres gardiens des lieux rivalisent d’ardeur dans l’assistance apportée aux patients. Notre patiente devait prendre une perfusion. Mais comment ? Pour une anodine opération, la carence des stagiaires est indescriptible. Une heure trente minutes ne suffisent pas pour réussir l’opération de perfusion. Ne sachant pas où placer le seringue. « Attention, on n’est pas dans le nerf, ça va Peter », prévient un stagiaire, dans un français approximatif. « Nous y sommes bien », rétorque un autre. La patiente qui en avait eu assez, de lancer avec une voix à peine audible « vous m’avez trop percé le corps, arrêtez ! ». La douleur était manifeste, le spectacle dramatique. Après plusieurs tentatives manquées, un vieillard qu’on appelle ‘’Vieux Sylla’’, gardien de son état, vient à la rescousse. C’est lui finalement qui a aidé à trouver un sérum glucosé dont le placement pose tous les problèmes du monde. Le coton aussi. Il dit avec un air hésitant, c’est gratuit.
Une dame générosité aidant, a donné ’’le perfuseur’’ à condition qu’elle soit remboursée le lendemain matin. Selon elle, 3 jours plutôt, tous les médecins stagiaires ayant tenté l’opération, ont été incapables de placer le sérum de son patient.
A la pharmacie des urgences, il n’y aurait pas de perfuseur. Non selon notre médecin stagiaire. « On ne revend pas en détail le perfuseur, mais le prix varie entre 2.000 et 3.000 fg chez les particuliers. » « C’est ainsi que les choses se passent ici tous les week-ends. Dès le jeudi soir, tous les médecins titulaires disparaissent. Nous sommes avec des stagiaires qui ne maitrisent pas la situation », témoigne une jeune dame. Nous quittons les lieux à minuit avec les conseils du Vieux Sylla qui a entretenu l’espoir.
SOURCE: La République