
Reconnaître et valoriser les arts et cultures extra-européens. Une telle vocation ne pouvait qu’inciter le musée du Quai Branly, à Paris, à établir un large dialogue avec les pays d’origine des collections et à monter avec eux des actions de coopération pluridisciplinaires.
Réunissant les collections du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie et du Laboratoire d’ethnologie du musée de l’Homme, soit 300 000 œuvres, l’institution a, en effet, d’emblée affiché l’ambition d’adopter un «propos qui tranche avec le passé colonial : l’idée de l’égalité entre les cultures». De fait, son maître-mot est la réciprocité. «Il s’agit de travailler et de construire les projets ensemble, en répondant aux demandes de musées en création, en matière d’inventaire, de sauvegarde du patrimoine, de muséographie…», explique Christine Guetin, responsable des relations internationales. Les échanges empruntent des voies multiples : expertise, accueil de stagiaires, formation des agents, aide à la conception et au montage d’expositions, à la création d’institutions…, et s’effectuent via des coopérations bilatérales ou encore l’implication dans des réseaux muséaux internationaux.
En cinq ans d’existence, le musée du Quai Branly s’est ainsi investi dans de multiples projets d’envergure partout sur la planète. En Afrique, il a contribué, par exemple, à la construction du musée de la culture Konso en Éthiopie. De même, au Moyen-Orient, il apporte son expertise à l’élaboration du Louvre d’Abou Dhabi. À des milliers de kilomètres de là, en Amérique latine, le musée du Quai Branly a aussi tissé des liens étroits avec le Mexique, lors de l’exposition Teotihuacan, cité des dieux et autour de programmes de recherche, ou encore participé à une mission d’évaluation du patrimoine haïtien après le séisme de 2010. Les équipes du Quai Branly sont également présentes en Asie. Elles ont notamment contribué à la muséographie et à la constitution de bases de données pour le musée de l’Asie du Sud-Est ou celui des femmes au Vietnam.
En Océanie, enfin, le musée a développé des projets avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, aboutissant à l’intégration de peintures aborigènes au musée du Quai Branly, l’accueil d’artistes contemporains, le montage de grandes expositions.
Les ambitions du musée du Quai Branly en matière de dialogue interculturel et de reconnaissance scientifique se sont donc concrétisées et devraient prendre encore de l’ampleur. «Le musée du Quai Branly tient un rôle croissant au sein des projets de coopération internationale visant l’essor des activités muséales et scientifiques des autres continents», assure la responsable des relations internationales. «Les équipes sont même parfois surprises par le nombre et la diversité des sollicitations. Quant à la réciprocité, elle est réelle». Ces échanges sont en particulier marqués par la venue d’éminents chercheurs étrangers. «L’organisation de colloques internationaux a d’ailleurs donné lieu à des débats riches et ouverts, loin des contraintes liées à certaines enceintes politiques. Par exemple, sur des sujets comme les restitutions en 2008, les indépendances africaines en 2010 ou l’esclavage en 2011», se félicite Christine Guetin.
Mais, pour cette dernière, «l’une des plus grandes réussites est l’accessibilité des collections», laquelle autorise aujourd’hui des capitales comme Bamako, Dakar ou Singapour à accueillir une partie des pièces africaines du musée du Quai Branly. «La circulation d’œuvres est parfois limitée par des problèmes logistiques – sécurité, conservation en milieu tropical…- ou financiers. C’est tout l’enjeu des projets de coopération que de trouver des réponses à ces défis», explique-t-elle. Cela passe par l’obtention de financements extérieurs. Aussi, le ministère des Affaires étrangères, la Commission européenne, l’Unesco ou des entreprises mécènes sont-ils des partenaires essentiels. Aujourd’hui, le musée du Quai Branly n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et compte relever de nouveaux défis. Parmi eux, le partage des fonds photographiques et des archives.
Florence Raynal (Document transmis par l’Ambassade de France en Guinée)