
Dans un rapport de 78 pages publié aujourd’hui dans la capitale guinéenne et intitulé : « Guinée : Nous avons vécu dans l’obscurité, un agenda des droits humains pour le nouveau gouvernement guinéen », l’organisme de défense des droits humains invite les nouvelles autorités guinéennes à mettre un terme à l’impunité qui gangrène le pays.
Il insiste de façon particulière sur les massacres de 150 manifestants en 2009 sous le régime du capitaine Moussa Dadis Camara.
L’ONG américaine invite le président Alpha Condé à « engager des poursuites, conformément aux normes internationales de procès équitables, à l’encontre des membres des forces de sécurité responsables des meurtres, viols et autres violations graves des droits humains commis contres des manifestants pro-démocratie ».
Aussi, HRW demande à la Guinée de réanimer la Commission nationale indépendante chargée d’enquêter sur la répression sanglante de 2007 qui a coûté la vie à 130 personnes sous le règne du général Lansana Conté.
« L’avenir de la Guinée est en jeu », a déclaré Corinne Dufka, Chercheuse senior sur l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch.
« Les actions du président Alpha Condé ou son inertie, soit traceront un nouveau chemin favorable aux droits humains, soit figeront la Guinée dans les excès et les violences du passé », a-t-elle ajouté, lors d’une conférence de presse tenue à Conakry.
L’ONG américaine invite aussi la Guinée à renforcer son système judiciaire, adjudicataire de seulement 0,5% du budget national depuis des plusieurs années (ndlr : contre plus de 40% pour le ministère de la défense nationale).
Elle demande la création d’une commission Vérité, Justice et Réconciliation, de même que la mise en place d’une commission indépendante de lutte contra la corruption, en vue d’assurer une transparence dans la signature des contrats portants sur les énormes ressources naturelles du pays.
« Alpha Condé a hérité d’un secteur de la sécurité immergé dans une culture de non-professionnalisme et de l’indiscipline. Les soldats et les policiers impliqués dans des délits tels que le banditisme, le viol, l’enlèvement ou l’usage excessif de la force meurtrière ont joui d’une impunité totale. Human Rights Watch appelle le gouvernement à adopter une politique de tolérance zéro à l’égard de tels excès », souligne le rapport.
Fatoumata Kéita
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