
Sur l’action civile, les deux prévenus ont été condamnés en outre au payement de 50.000.000 GNF pour la réparation des dommages causés aux parents du jeune Thierno Abdourahim Camara, condamné à 2 ans de prison par la justice marocaine pour détention illégale de stupéfiant ( drogue).
Selon le ministère public qui est revenu sur le déroulement des faits, le jeune étudiant, Abdourahim Camara qui partait pour sa première fois au Maroc a été condamné suite à une découverte dans ses bagages de la drogue.
Cette drogue, a rappelé le représentant du ministère public, était dans un coli qui lui a été confié par dame Mariama Traoré pour sa fille résident au Maroc. Ne sachant pas que cet élément faisait partie dudit coli, le jeune Camara a été surpris quand la police marocaine l’a découvert.
A la barre, dame Traoré a reconnu sans emballage les faits.
D’après elle, c’est suite à une demande de sa fille au Maroc qu’elle est allée à Madina acheter les trois kilogramme de chanvre indien. « Ma fille m’a dit Maman, cette fois-ci je veux que vous m’envoyez de la drogue. Je lui ai dit c’est pourquoi faire. Elle m’a dit de l’envoyer seulement. C’est ainsi que suis allée à Madina acheter du poisson, du gombo plus les 3 kilogrammes de chanvre indien », a-t-elle dit en substance.
Poursuivant ses explications, elle dira qu’après les achats, elle s’est dirigée directement chez Oumar qui devait s’occuper de l’expédition de ce coli exceptionnel. Elle a indiqué à cet effet, qu’Oumar Camara a, après discussion, accepté d’expédier le coli pour gagner en contrepartie, une somme de 250.000GNF.
« J’ai bien averti Oumar qu’il y avait de la drogue parmi les éléments à envoyer… C’est lui-même qui a emballé le coli » a-t-elle précisé.
Mais face aux questions de l’avocat de la défense, dame Traoré donnera deux versions différentes, à propos des obligations d’Oumar dans leur relation de travail. Elle dira dans un premier temps que d’habitude Oumar ne contrôle pas le contenu des bagages à transporter, avant de maintenir dans un second temps le contraire de la première affirmation.
Contredisant sa co-prévenue, Oumar a expliqué qu’il ne savait pas qu’il y avait de la drogue dans le bagage.
« Mon travail à l’aéroport est de transporter les bagages des passagers du parking au lieu d’emballage. Quand ils m’ont envoyé le coli, c’est du poisson « Konkoï » que j’ai vu à la surface. Je ne savais pas qu’il y avait de la drogue à l’intérieur », s’est justifié le mécanicien converti en « Bagagistes », comme on les appelle communément à l’aéroport.
Oumar a aussi nié les propos de Mme Traoré, selon lesquelles, ils collaborent depuis des années.
«C’était ma première fois de travailler avec cette dame. C’est avec une de ses copines du nom de Gnanlé que j’avais l’habitude de travailler », a indiqué le mécanicien-Bagagiste.
En répondant à une des questions du ministère public, Camara a indiqué que son métier de mécanicien n’arrivait pas à le nourrir, c’est pourquoi, il s’est lancé dans le transport des bagages à l’aéroport. Un boulot qu’il fait depuis dix ans, d’après ses explications.
En définitive, il a maintenu que ce n’est pas lui qui avait remis le coli au jeune Abdouharamane.
«On m’a dit de remettre le coli à un jeune qui, à son tour devait le remettre à Thierno Abdourahamane. C’est cette mission que j’ai accompli. Je ne connais même pas ce Thierno Abdourahamane qui a été condamné au Maroc », A renchéri le Bagagiste.
En dépit de tout, dans leurs plaidoiries, les avocats de la partie civile ont demandé la réparation des préjudices causés au jeune étudiant. Les avocats ont indiqué que ce jeune a été ‘’injustement arrêté’’ et condamné à 2 ans de prison par la faute des deux prévenus.
« Après son baccalauréat, ce jeune qui est le fils d’un avocat allait au Maroc pour poursuivre ses études universitaires. Voilà qu’il se retrouve aujourd’hui en prison alors que ses camarades sont entrain d’étudier », ont-ils expliqué.
Pour la réparation de ce préjudice, ils ont alors demandé au tribunal de rendre une décision sous siège en condamnant les prévenus au payement d’une somme de 100 millions de francs guinéens chacun.
Abondant dans le même sens que la partie civile, le représentant du ministère public, monsieur Ali Touré, a réclamé la condamnation des prévenus dont il a qualifié le nommé Oumar Camara d’un habitué des faits.
« C’est pour agir de la sorte qu’il a abandonné son métier de mécanicien pour se mettre au service de l’aéroport », a-t-il expliqué.
S’appuyant sur le premier alinéa de l’article 382 du code pénal, le jeune substitut du procureur a demandé au tribunal de condamner les prévenus à cinq ans de prison ferme et au payement de trois millions chacun et d’allouer aux parents du jeune étudiant ce que de droit.
Prenant la parole, l’avocat de la défense a, en revanche, demandé la relaxe pure et simple d’Oumar Camara au profit du doute et de condamner Mariama Traoré à une peine d’emprisonnement avec sursis.
« Les explications de Mme Traoré laissent du doute que doit bénéficier mon client. D’ailleurs, ce n’est pas lui qui a remis le coli au jeune », a estimé l’avocat.
Parlant du cas spécifique de la prévenue, Mme Traoré, il a demandé au tribunal de tenir compte des circonstances atténuantes en sa faveur, notamment, par rapport à la cherté de la vie en Guinée, et lui condamner avec sursis.
Mais avant tout, a estimé la défense : « Dans ce procès, on devrait s’attaquer à la cause de la question au lieu de s’attaquer, plutôt, à des innocents. Les vrais auteurs de cette infraction de facilitation d’usage n’ont pas comparus. Il s’agit du jeune qui a remis le coli à l’étudiant, la police en service à l’aéroport qui a laissé passer le coli, la douane et celui avec qui la drogue a été achetée ».
« Comment l’aéroport de Conakry a pu laisser passer ce coli qui a été arrêté au Maroc, alors que nous avons les mêmes policiers, les mêmes machines de contrôle. Si l’aéroport à laisser passer ce coli, les policiers et les douaniers de cet aéroport devraient comparaitre », s’est interrogé Me Kpana Emmanuel Bamba.
Toutefois, pour leur propre défense, les deux prévenus ont demandé pardon au tribunal et aux parents du jeune étudiant.
En dépit de ce pardon, la justice ne leur a pas accordé sa clémence. Ils ont été condamnés à 5 ans de prison ferme et au payement de deux millions de francs guinéens d’amende.
SOURCE: Affiches Guinéennes