Bonjour Binta Ann, vous êtes déjà très bien connue en Guinée mais surement pas encore assez en Afrique. Pourriez-vous vous présenter aux internautes de http://nenahwa.com/nenahwa.com
Bonjour Nénette, je suis madame Daffé née Binta Ann. Je suis guinéenne d’origine. Apres mes études à Conakry, je suis partie en France où j’ai étudié à l’école supérieure du Tourisme et de l’aérien. J’ai travaillé à l’aéroport de Roissy CDG pendant six ans. Actuellement je vis aux Etats Unis où je viens de terminer mes études sur l’éducation des enfants préscolaires et élémentaires. Je suis comédienne dans des troupes de théâtre et auteure de quelques écrits. Je suis mère de deux petites filles: Mayeny et Fanta. Je suis également bénévole à l’UNICEF- USA Bref, j’essaie de toucher à tout.
Qu’est-ce qui vous a donné le goût de l’écriture, et d´où vous vient généralement vos inspirations ? Et surtout depuis quand écrivez vous ?
J’ai grandi dans une grande famille d’une vingtaine d’enfants où chacun cherchait sa voie, créait sa propre histoire, pleurait ou riait ensemble. Ma vie familiale a été un scenario qui m’a donné l’inspiration et le goût d’écrire. Mon imagination n’a fait que concrétiser mon envie de donner le sourire, le moral et de faire rêver mes lecteurs.
Votre roman le « le mariage par colis » a été un grand succès. . En quelques lignes pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, de quoi s’agit-il ?
J’ai eu beaucoup de plaisir à écrire ce roman que j’ai commencé au lycée en Guinée et terminer en France avec la maison d’édition l’Harmattan. J’ai été ravie de voir l’effet sur les jeunes qui l’ont interprété en pièce de théâtre ou en film dans les langues nationales.
Le roman raconte les mésaventures d’un jeune qui essaie de quitter son village pour la ville pour devenir un ministre, âpres avoir obtenu un petit boulot de « boy », il envoie son premier salaire à ses parents qui informent tout le village que leur fils était devenu un ministre qu’il fallait lui envoyer une femme…bref, âpres plusieurs tracasseries, le jeune se retrouve en occident où il expérience pour la première fois les maux de la société moderne, le sexe, la prostitution, la drogue, la corruption …et l’impact des traditions africaines tel que le maraboutage ou la polygamie sur notre vie. Comment vivre dans un pays moderne et respecter à la lettre nos coutumes et traditions africaines que nos parents nous ont inculquées ? Un dilemme humoristique que les lecteurs ont eu du plaisir ou du mal à résoudre. Découvrez la vie souterraine des africaines en occident, en lisant ce roman.
Et qu’en est-il des autres romans ?
« Awa la petite mendiante » est consacré à l’éducation de la jeune fille en Afrique, dans le quel j’encourage l’école de la seconde chance en brisant toutes les barrières professionnelles. Il a été réalisé en film court métrage par l’Unicef Guinée en 1998 et joue dans plusieurs pays africains.
« Les enfants Soldats » : il dénonce l’enroulement, l’implication et la manipulation des enfants dans la Guerre.
Vous avez participé aux travaux des nations unies avec les premières dames en 2010 à New York pour mettre fin à l´excision… Que représente ce combat pour vous ?
C’est un combat difficile à mener. Bien que la religion ne recommande nulle part cette pratique abominable, la tradition en a fait une obligation dans nos sociétés. Les hommes ne feront pas ce combat à notre place. C’est nous les femmes qui ressentons plus la douleur. Alors, il va de soi que nous nous levions pour protéger la jeune fille et sauver la future génération. C’est mon combat au quotidien et je souhaite qu’il le soit aussi pour les autres femmes africaines. Nous demandons au gouvernement guinéen d’accorder plus de l’importance à ce combat et ces pratiques qui violent les droits et les libertés de la femme.
Le congrès de New Jersey vous a attribué récemment un Award pour votre engagement pour votre combat pour les droits des femmes. Si on vous demandait de faire un tableau sur les droits des femmes en Guinée aujourd’hui ? Quelles propositions faites-vous aux nouvelles autorités ?
D’abord, je commence par vous dire que je dédie cet Award à toutes les femmes Africaines qui, même au prix de leur vie, se battent pour se faire entendre et défendre leurs droits les plus élémentaires. Pour revenir à la question, je conseillerai aux nouvelles autorités guinéennes de faire en sorte que les droits de la femme et de l’enfant soient protégés. Elles doivent savoir que le monde évolue et que les Femmes peuvent mieux faire, mieux gérer autant que les hommes ou même plus. L’ancienne Pilote du Premier Président guinéen était une Femme. La Personne qui a régularisé la circulation routière dans la capitale guinéenne dans les années 90 était une Femme ; la personne qui a dirigé le Conseil National de la Transition en Guinée est une Femme. La Présidente du Liberia, l’ancienne Présidente de l’Irlande, l’actuel du Mexique… sont des Femmes. Nous pouvons faire autant si on nous confie les taches. Je souhaite que les femmes Africaines se donnent un cadre de concertation afin de nous faire entendre au plus haut niveau des instances du continent. Quant à nous les femmes, il est temps d’arrêter de jouer aux victimes et de participer activement à la vie politique de nos pays. Si nous ne sommes pas convaincues de nos capacités, les autres n’en seront point.
Vous avez crée la fondation « Fonbale » (www.fonbale.org). Que signifie ce sigle et quel est son but ? Parlez nous aussi de vos réalisations et projets.
Fonbale signifie : Fondation Binta Ann pour Les Enfants, c’est une ONG qui a pour but d’aider les enfants et les femmes afin de leur apporter un soutien moral, logistique et financier, nous collectons des donations matérielles et financières, nous luttons contre l’excision et les mutilations génitales, nous encourageons l’éducation de la jeune fille, nous sensibilisons les jeunes contre sida et les MST. Nous avons besoin de chacun de vous, actuellement, nous louons un local ici aux Etats Unis où nous avons déjà collecté beaucoup de choses à expédier mais on n’arrive pas à trouver une aide financière pour les acheminer. Nous comptons sur les bonnes volontés.
Pour terminer, quels conseils à la femme africaine ordinaire ?
Même au plus bas échelon de nos structures, les femmes doivent jouir de leurs droits afin qu’elles puissent accomplir dignement leurs devoirs. Les femmes ne doivent pas se considérer comme de simples exécutantes. Elles doivent appartenir à la sphère de décisions. Elles doivent aussi poursuivre le combat contre l’excision qui est une pratique vieille et cruelle qui ne rapporte rien à la femme.
Chère femme, que tu sois au foyer, au champ, au marché, dans la rue ou au bureau, dis toi que tu es le pilier de la société, ta place est indispensable et utile. Crois-en en toi et à ta capacité de changer le monde. Tu es exceptionnelle et tu serres d’exemple aux futures générations.
Nenehawa vous remercie et vous souhaite plein de succès dans vos différents projets.
C’est à moi de vous remercier pour m’avoir invité. Je vous félicite également pour le travail que vous êtes entrain de faire pour valoriser la femme. Je vous souhaite à mon tour, plein succès dans votre entreprise et que le Tout Puissant Allah nous donne la force de sortir la femme Africaine des ténèbres. Merci infiniment ma sœur.
Interviewée par Nenette Baldé pour nenehawa.com